Atelier Carnets de voyage dans mon quartier (lycée Suzanne Valadon, Limoges, 2011)

Date : 17 juin 2011

Pendant leur année scolaire 2010-2011, les élèves de 1ère année BTS Economie Sociale Familiale du lycée Suzanne Valadon de Limoges ont réalisé l'ethnographie de différents quartiers de la ville. Avec leur enseignante Catherine Treilhou, ils proposent une exposition numérique sur leur ville.

Chapitre 1 - 'Un village dans la ville'

Ce matin du 21 septembre 2010, nous sommes parties à pied du lycée Suzanne Valadon vers la Place Carnot et la rue Général Leclerc pour observer ce quartier très convivial et marqué par une grande diversité de la population. Nous avons choisi ce quartier pour plusieurs raisons : d’abord, parce qu’il est ouvert sur les points importants de la ville comme la gare, la caserne, l'hôtel de police, le rectorat, le centre commercial St Martial. Ensuite, la rue du Général Leclerc est très fréquentée car c'est un axe pour aller de Limoges à Paris, et vice versa. Enfin, le quartier brasse une population immigrée importante, signe de grande mixité socioculturelle et nous voulions observer comment elle s’inscrit dans l’espace urbain. Nous étions aussi très motivées pour aller là-bas car pour la plupart d'entre nous, même celles qui habitent Limoges, ce quartier nous était inconnu parce qu’assez excentré.

Place Carnot

Pour nous rendre place Carnot, nous avons pris la rue François Perrin jusqu’à la place des Carmes. Après être passées par la rue de l’Amphithéâtre, nous avons gagné la place Wilson. Churchill, puis nous avons emprunté la rue Louviers de Lajolais qui débouche dans le boulevard Victor Hugo.

Nous sommes alors arrivées place Denis Dussoubs où il y avait enfin un peu de monde. Jusque là, nous n’avions croisé personne. Par la rue François Chénieux, nous avons rejoint la place Carnot. Petit à petit, les commerces changeaient, se diversifiaient : un salon de coiffure appelé « afro look » et destiné aux femmes africaines arborait perruques et postiches. Une femme était entrain de se faire tresser les cheveux. Dans le salon, l’ambiance semblait gaie et chaleureuse. Il y avait aussi un restaurant avec des spécialités Malgaches et une épicerie halal appelée « Alimentation orientale ».

Enfin arrivées à la place Carnot, le quartier, là-bas aussi, s’éveillait à peine. A croire que les immeubles étaient inhabités, nous avions presque le sentiment d’être seules au monde.

Nous nous sommes arrêtées en face des Halles peintes en blanc et vert. Devant l’entrée, de nombreux panneaux indiquaient les différentes promotions. Nous avons eu un moment d’hésitation avant d’entrer car tout était si calme, nous doutions que ce soit ouvert. Vérifiant les horaires d’ouverture affichés à l’entrée sur une petite ardoise, nous avons constaté que c’était ouvert. Nous sommes entrées. L’endroit, au premier coup d’œil, paraissait sans vie, froid. Le bâtiment était fait de bois et de métal. Au plafond, des panneaux radiants, alimentés au gaz, doivent servir l’hiver à chauffer cette architecture du début du siècle passé. Une forte odeur de poisson nous a aussitôt saisies. Il faisait sombre et l’hygiène, apparemment, laissait à désirer. Mais très vite cette impression de froideur s’est atténuée, tant l’ambiance entre commerçants et clients était bonne, ce qui nous a mises à l’aise.

 

Itinéraire

 

Il y avait là une petite dizaine de stands : fruits et les légumes, produits laitiers, poissons et fruits de mer, viande... Tenue par une dame d’origine asiatique, une échoppe se distinguait des autres. Nous nous sommes approchées. De nationalité cambodgienne, la vendeuse nous a présenté quelques uns de ses produits : plats préparés et boissons typiques, riz, sushi... C’était comme un monde à part qui s’ouvrait à nous. Rien de commun entre les lampions multicolores qui ornaient cet étal et le décor plus « terroir » des autres. Nous étions transportées aussi sûrement que par un voyage au bout du monde. Après notre échange avec cette commerçante, nous sommes allées interroger d’autres marchands : la fromagère, le poissonnier et le boucher. Grande, la cinquantaine, les cheveux châtain clair joliment ondulés, la fromagère nous dit que le lieu était très fréquenté par les personnes âgées, une clientèle locale assez assidue. Elle trouvait le quartier calme et sans problème. A l’inverse, le poissonnier, un grand brun dynamique d’une trentaine d’années, s’inquiétât que la clientèle se raréfiait, surtout parmi les personnes âgées, mais que le vendredi et le samedi, les plus jeunes « s’invitaient à la fête » grâce à l’attrait du marché de la place Marceau toute proche. Quant au boucher, dans la trentaine lui aussi, il était souriant, charmant, et surpris par notre intérêt soudain pour cet endroit rustique. Il était satisfait de sa clientèle : pour lui, l’effet de la crise ne s’était pas fait sentir. Un peu plus loin, une boucherie d’un autre type nous a surprise : dite « chevaline », on y vend de la viande de cheval, ce qui est, paraît-il, de plus en plus rare.

 

La fontaine

 

En sortant des Halles, nous avons échangé avec deux personnes âgées du quartier. Elles étaient enjouées, ravies de nous faire partager leur expérience de ce « village dans la ville ». Elles nous ont expliqué qu’à leurs yeux, le quartier était parfait, qu’il y avait une excellente entente. Un seul bémol : la circulation. « Il y en a qui devraient repasser leur permis », disaient-elles. Elles étaient inquiètes du trafic accru et des rénovations de la Place. En effet ils furent nombreux : ravalement des façades, réaménagement du rond point qui d’herbe est devenu béton, laissant ainsi plus de place aux voitures et fluidifiant la circulation. Par ailleurs il y eut des agrandissements des trottoirs, installation de nouveaux lampadaires et mise en place d’une décoration moderne urbaine, enterrement des câbles : téléphoniques, électriques et optiques. Au final il y a plus de 10 ans que les travaux se succèdent.

Bien que très occupée par de nombreux clients, la responsable de la « pharmacie mutualiste » nous a confié qu’il y avait une grande diversité dans sa clientèle, que le quartier était plus fréquenté qu’auparavant et que les gens semblaient moins se connaître et parlaient de moins en moins entre eux. Ses paroles contrastaient avec celles des commerçants des Halles.

 

Et ses illuminations

 

Sur la place, le bruit de la circulation était intense, les gens affluaient de partout en voiture. Çà et là, quelques personnes discutaient entre elles, une jeune femme se promenait en chaussons comme si la rue était une simple annexe de son salon. Adossé sur le rebord de sa fenêtre, au premier étage du bâtiment, une personne d’un certain âge, regardait cette agitation avec curiosité. En levant les yeux, on constatait que les immeubles ne se ressemblaient pas : les uns vétustes et anciens comme celui de la pharmacie datant de 1886, les autres rénovés et équipés de doubles vitrages.

Devant un café de la Place Carnot, un passant nous accoste, il nous dit que ce petit « village » est de plus en plus occupé par des étrangers. « Il y a de plus en plus d’arabes et de noirs », dit-il. Nous sentons dans son propos un ton désinvolte. Lorsque nous lui parlons des Halles, il dit : « Si les inspecteurs de l’hygiène y mettaient le nez, les halles fermeraient ». Nous lui demandons pourquoi ils ne le font pas, mais le passant garde le silence et s’en va, d’un air entendu.

Ce soir-là, l’une d’entre nous est allée sur la place pour son bon plaisir. Le quartier, la nuit, était totalement différent de ce que nous en avions vu le matin. L’agitation automobile a laissé place aux discutions en terrasse des cafés orientaux. Les enfants jouaient entre eux, tous les restaurants ainsi que les bars étaient ouverts. Le quartier vivait autrement.

Le lendemain, nous y sommes retournées glaner de nouveaux échanges. Nous sommes restées un moment dans un « Taxi Phone ». Les cabines étaient décorées d’un papier peint à motifs sur fond jaune orangé. Des personnes téléphonaient dans ces claustras. Selon le patron du « Taxi Phone », l’endroit est dédié aux personnes d’origine étrangères. En effet il était possible d’appeler tous les pays du monde, acheter des cartes de téléphone, faire des photocopies, passer des fax et rédiger des papiers administratifs comme des curriculum vitae, papiers d’assurance et lettres de motivation. Juste en face du « Taxi Phone », la poste nous a paru un bon lieu d’observation. Mais le directeur n’était guère accueillant. Des envois postaux à l’étranger (DOM-TOM) et des cartes téléphoniques vers les Tropiques, l’Afrique, étaient disposés bien en évidence sur le comptoir, ce qui nous a paru être le signe d’une clientèle très métissée... Une des employées nous l’a confirmé en insistant sur la prépondérance des transactions d’argent s’effectuant vers l’étranger.

 

Les petites halles traditionnelles

 

Un peu plus loin toujours avenue Général Leclerc, une vitrine vive de couleurs et de costumes scintillants style maghrébin attira notre attention. Nous entrâmes. Au premier abord, nous eûmes l’impression d’être transparentes, invisibles. Les clients, habillés de façon traditionnelle, orientale, parlant entre eux dans leur langue natale, ainsi que le commerçant, passèrent aussitôt du français à l’arabe, comme si leur conversation ne nous regardait pas. Peut-être les dérangions-nous, étions nous de trop ? Bien que surprises par cette attitude, nous commençâmes à observer les divers produits à la vente : tissus de couleurs chaudes, de type oriental, avec des ornements dorés et brillants, correspondant à la culture du pays de référence (Maroc, Algérie, Egypte...), des produits traditionnels tels que le henné, du thé vert, des voiles Islamiques et des CD de chanteurs maghrébins... Tout venait d’ailleurs dans ce magasin. Après le départ des clients, le commerçant nous porta un peu d’attention. En entendant nos questions sur le quartier, il nous fît un large sourire, nous expliqua que sa boutique était ouverte depuis sept ans et qu’il avait reçu un accueil chaleureux des riverains. Contrairement à la postière qui avait pointé du doigt le manque de sécurité dans le quartier, ce commerçant estimait la sécurité optimale. D’un air entendu, il nous dit : « Les flics sont partout et passent tout le temps. », ce qui peut nous laisser penser que cette présence policière est perçue par certains riverains comme étouffante. Nous le remerciâmes en demandant le nom de sa boutique: «El Borji».

L’ambiance au sein de ce quartier est unique de par ces échanges et cette place semble incontournable dans la vie des Limougeauds, notamment par le marché du samedi. Celui-ci se tient Place Marceau toute proche et s’étend jusqu’aux Halles. Il est à la fois local et oriental. Par ailleurs ce carrefour en étoile s’ouvre vers six grandes directions de la ville et de ses diverses sorties (Paris, Toulouse, Clermont-Ferrand...).

 

'Quand on arrive en ville...' La route de Paris

 

Chapitre 2 - ’La rénovation : un mal pour un bien ? ’ 

Aujourd’hui, 21 septembre 2010, nous sommes allées dans le quartier de la Cité à Limoges, afin de découvrir ce lieu historique mais aussi pour témoigner des changements liés aux rénovations, notamment de leur impact sur les fluctuations de population. Nous avons choisi ce quartier parce qu’il est riche historiquement et esthétiquement. C’est un endroit calme et typique, où l’architecture est intéressante. De plus, ce n’est pas un quartier forcément connu de tous alors qu’il est à l’origine de la ville de Limoges.

Quartier de la Cité

Nous sommes parties du lycée Suzanne Valadon aux environs de 9h du matin, en remontant la rue François Perrin vers la Place des Carmes, puis en empruntant la rue des Arènes afin d’arriver place d’Aine. Nous avons continué en direction de la place de la Motte où nous nous sommes arrêtées quelques secondes pour admirer un trompe l’œil légendaire. Ce dernier représente des maisons en colombage avec des personnes assises à la fenêtre, le regard porté sur les passants, à coté, un village typiquement français. Puis nous avons emprunté la rue du Clocher, où, sur notre gauche, l’Eglise Saint Michel des Lions a attiré notre attention du fait qu’elle soit implantée dans une rue plutôt commerciale. Ensuite, nous avons rejoint la rue Jean Jaurès, puis longé la place de la République.

 

’Misons à pans de bois’
Un magasin d'enseignes anciennes

 

Au fil de notre chemin, nous observions que la ville était encore endormie, les rues étaient désertes, les commerces fermés. Puis nous avons emprunté le boulevard Georges Perrin qui passe devant le lycée Gay Lussac et nous nous sommes arrêtées à l’office de tourisme dans le but d’obtenir de la documentation sur le quartier de la Cité. Nous avons ensuite descendu la rue du 71ème Mobile pour arriver boulevard de la Cité, de là, nous sommes parvenues dans la rue des Allois. Ce qui nous a fait prendre conscience que nous étions dans ce quartier de la Cité, c’est d’abord les panneaux de signalisation affichant « Cathédrale, Jardin botanique, Musée de l’Evêché, la Cité, et Hôtel de région ». Mais c’est aussi le passage de la route goudronnée aux pavés, les maisons à colombages, les ruelles qui deviennent de plus en plus étroites, difficilement accessibles aux véhicules.

Dans cette petite rue « la rue des Alois », nous avons été surprises de voir une grande benne et des échafaudages, signes de la rénovation en cours. Puis nous avons contemplé les vitrines de deux petites boutiques : l’une la « Clinique de la poupée » qui redonne vie à des poupées détériorées. Et l’autre, une boutique de plaques signalétiques que l’on pouvait personnaliser à son gré, en mettant nos prénoms, des phrases d’amours ou encore humoristiques. Au bout de cette rue se trouvait la place Haute Cité, bordée de petits commerces et de nombreux bistrots, tous différents, témoignant d’une diversité surprenante : Bar « l’Irlandais », crêperie « de la cathédrale », armes anciennes « arquebuserie Saint Domnolet, antiquaire, bouquiniste, architecte, ainsi que l’association du « Secours Catholique »etc.

 

Les 1er restaurateurs du quartier
Etat de grand délabrement dans les années 1980

 

Trois d’entre nous sont parties rencontrer le bouquiniste dans sa boutique « un livre pour voyage ». Quand nous sommes rentrées dans ce lieu, l’endroit nous a semblé étroit mais typique avec ces grandes étagères remplies de livres empilés les uns sur les autres et poussiéreux. Le bouquiniste nous appris qu’il était installé dans le quartier depuis seulement 4 ans mais qu’en si peu d’années il a vu pas mal de changements. Il nous dit en effet que cette rue, calme mais dynamique grâce à ses petits commerces, devenait de plus en plus déserte à cause des fermetures de magasins qui s’installent ailleurs. Cependant, d’après lui, le quartier se réveille le soir pour accueillir les 500 étudiants des environs. La vie et la convivialité de ce quartier sont en effet légendaires à leurs yeux grâce aux nombreux bistrots d’ambiance de la place. Notre bouquiniste nous fit longuement part de son ressenti vis-à-vis des rénovations qui, malheureusement durent depuis de nombreuses années. En effet, pour lui, ce fut et c’est encore un véritable « calvaire ». Ce serait la cause des fermetures des petits commerces et de la désertification de la place. En outre le fait qu’il n’y ait plus de parking pour se garer n’arrangerait pas le négoce qui ne prospère qu’une fois par mois, au moment des « Puces de la Cité » qui amène de 5000 à 6000 exposants et visiteurs. Pendant ce temps là, trois autres d’entre nous frappaient à la porte d’un cabinet d’architecte. Il nous accueillit aimablement. Jeune architecte, il s’était installé 3 ans plus tôt. Les murs de son cabinet étaient tapissés de meubles emplis de dossiers. La pièce paraissait petite, sans être trop chargée. L’architecte nous apprit que la place de la Cité ainsi que le musée avait été entièrement rénové. Par la suite, il nous relata l’histoire de la Cité en précisant d’abord qu’il y avait jadis deux Limoges : la ville autour de la cité et celle autour du château. Il alla chercher trois documents qu’il nous expliqua : des planches dessinées représentant l’évolution de la ville de l’époque gallo-romaine jusqu’au XIIIème siècle. Nous avons compris que c’était un quartier très ancien, le quartier fondateur de Limoges. Aujourd’hui, la Cité est un « petit noyau à part », implanté dans la ville. Selon l’architecte, quand les travaux du musée seront finis, le lieu devrait se redynamiser.

 

 

Le jardin botanique, des espèces des plus rares
Les jardins de l’Evéché surplombant la Vienne

 

Nous avons fait ensuite une ballade dans le jardin botanique de l’évêché, qui jouxte le musée, ou promeneurs et jardiniers se croisaient en toute tranquillité.

En début d’après-midi, nous nous sommes rendues au service de l’urbanisme de la mairie (qui touche le quartier de la Cité) où nous attendait Monsieur S. avec qui nous avions pris rendez-vous. Il nous apprit que les travaux duraient depuis déjà 40 ans, qu’ils s’étaient divisés en plusieurs tranches. En effet, ils ont commencé dans les années 70, avec pour objectifs des opérations de restauration, puis dans les années 80, avec l’amélioration de l’habitat. Aujourd’hui, les travaux se tournent plutôt vers la restauration des canalisations ainsi que la réhabilitation des souterrains. Selon lui, les travaux se sont bien passés, dans le sens où ils ont été échelonnés, et cela a permis d’éviter les tensions avec les habitants du quartier.... Pour lui, ces rénovations n’ont pas pour objectif de ramener l’animation mais plutôt d’en faire un lieu culturel et historique (l’esthétique primerait-il sur le social ?) Cependant il reconnaît que certaines activités, telles que la fabrication d’émaux et la vente de porcelaine, ont été mises en avant, pour essayer de redonner du vivant à ce quartier. Malheureusement, le succès d’une telle entreprise laisserait à désirer faute d’une animation suffisante... Notre périple s’arrêta là pour ce 1er jour d’enquête car nous devions retourner au lycée pour mettre en mots nos investigations.

 

Aujourd'hui restauré
Façade en trompe l’oeil place de la Motte

 

Continuant notre exploration, nous ne pouvions manquer le bureau des « Compagnons du Tour de France », situé à proximité du Musée de la résistance, derrière la cathédrale. Les Compagnons s’occupent en effet des rénovations. Nous avons été gentiment accueillies par le formateur Monsieur R. Souriant, il nous a expliqué que les compagnons avaient rénové ce quartier, en particulier les vielles bâtisses en ruines. Ces restaurations ont duré plus de 25 ans et ont été « rock and roll » pour reprendre ses termes, car il semblait improbable de pouvoir redonner forme et consolidation à ces « cabanes ». Cependant ne se laissant pas décourager pas l’état délabré du quartier, les Compagnons du Tour de France se sont retroussés les manches et ont réussi à redonner sa fierté au quartier. Encouragés par ce succès, les propriétaires des maisons voisines se sont mis à rénover leurs habitats. En résumé, les Compagnons du Tour de France, ont été les moteurs de cette rénovation et ont réussi à sauver le quartier de la Cité. Après nous avoir raconté les transformations architecturales, ils nous ont parlé de l’impact de ces travaux sur la population, confirmant que ce quartier était autrefois habité par des ouvriers et que les rénovations avaient été la cause des modifications de la typologie des habitants. C'est aujourd'hui un quartier « chicos » mais surtout habité par des étudiants et des personnes âgées....Ensuite pour nous montrer l'étonnante résurrection du quartier, il nous a amenées voir des photographies anciennes et nous avons pu mesurer l'énormité de ce travail assidu et minutieux. Pour terminer, le formateur nous a conduites dans la résidence des compagnons, une maison qu’ils ont entièrement rénovée. Cette rencontre a été très importante pour nous : nous étions heureuses d’avoir rencontré ceux grâce à qui ce quartier a retrouvé son charme et sa fierté.

 

 

Limoges et ses porcelaines légendaires
plan de 'La Cité'

 

Voulant en savoir plus sur l’évolution des habitants du quartier, nous avions le projet d’aller interroger des ouvriers de l'usine de porcelaine « Royale Limoges » juste en contrebas du quartier, sur les bords de Vienne. Mais il eut fallut plus de temps. Nous avons juste appelé une employée qui nous a donné quelques renseignements. Elle nous a confié que l'effectif des salariés avait largement diminué. Étant au bord de la faillite, ils sont désormais obligés de brader leur porcelaine et il est même question de rachat par une grande firme, peut-être pour faire un musée. Cette usine, jadis des plus prestigieuses, ressemble aujourd’hui à une friche industrielle. Pourtant elle a conservé tous les moules qui ont servi, depuis sa création, à fabriquer les légendaires porcelaines d’hier et d’aujourd’hui : de vrais trésors historiques dont la modernité ne semble pas estimer la valeur. Sur les deux mille ouvriers de la porcelaine et de leur famille, qui habitaient le quartier de la Cité dans les années 70, il en reste très peu maintenant. Une page est tournée dans le quartier de la cathédrale. Il vit aujourd’hui une autre ère : celle de la restauration qui, à défaut de lui donner une aura populaire l’inscrit dans la protection du patrimoine en lui gardant un attrait indéniable.

 

 

images d'archives
Les maisons en contrebas
Le N°2 de la Rue Haute Cité

 

Le lendemain, 22 septembre 2010, à partir de 14h, nous sommes revenues sur notre terrain pour profiter du mercredi après-midi afin de voir si le quartier était plus vivant. Sur la place de la Haute Cité nous nous sommes divisées en deux groupes. Une partie s’est rendue à l’Association « Renaissance Cité » et l’autre est allée interroger le patron du pub « l’Irlandais ». L’association « Renaissance Cité » s’occupe en fait du marché aux puces, organisé tous les deuxièmes dimanches du mois. Le responsable nous a un peu freinées dans notre élan en nous disant qu’il avait beaucoup de travail et très peu de temps à nous consacrer mais il a quand même accepté de répondre à nos questions. Ces marchés aux puces ont lieu dans le périmètre de la Cité, depuis 21 ans (mars 1989). Les puces, qui amènent entre 5000 à 6000 personnes et comprennent de 150 à 200 exposants, sont donc un événement très important dans la Cité. Nous avons ensuite abordé le sujet des rénovations et là, le responsable nous a dit qu’il n’avait rien de bon à dire à ce sujet. En effet, auparavant, la majorité des exposants s’installaient sur la place de la Cathédrale le dimanche des puces. Mais depuis les rénovations, la mairie de Limoges les a « virés » et envoyés sur le boulevard de la Cité. Selon lui c’est plus difficile à organiser car le boulevard est très grand, les exposants sont donc plus disséminés que sur la place. Il faut aussi gérer la circulation et le fait que les étals des exposants se succèdent plutôt qu’être regroupés sur la place, rend pour lui les puces moins conviviales. Par contre la rénovation n’a rien changé concernant le public qui vient aux puces tous les mois. Le nombre de visiteurs reste identique.

 

Un peu d'histoire
Du haut des cathédrales
Les détails de la porte

 

Au pub « l’Irlandais », nous avons échangé avec le patron. Il nous a reçues très aimablement, nous expliquant qu’il avait repris le pub depuis un mois seulement mais que celui-ci existait depuis treize ans. Avant, il s’appelait « Le café de la plage » en référence à l’image « post-soixantuitarde » : « sous les pavés, la plage ». Il nous a confié qu’il avait voulu reprendre cette affaire car le côté pub l’attirait, ainsi que la partie restauration. Concernant les travaux, il nous a dit qu’il considérait ceux-ci comme un « mal pour un bien », qu’il n’était pas tellement gêné par le bruit et la poussière mais plus par le fait que ces travaux bloquent l’accès à la place où se trouve son commerce. Il pense qu’une fois les travaux finis, la population sera plus attirée vers cet emplacement, il espère même voir arriver une nouvelle clientèle dans ce quartier qu’il décrit comme un « joli cadre ».

 

 

Vitraux et gargouilles
Sous le soleil levant
Les passants nourrissent les pigeons

 

Chemin faisant, nous avons voulu nous arrêter à la petite boutique « Contre-type » qui est la boutique aux panneaux signalétiques personnalisés. Mais le patron nous a fait comprendre qu’il ne pouvait pas nous accorder une petite minute en nous répondant : « Non merci. C’est bon, ça ira ». Nous l’avons quand même remercié et avons continué notre marche jusqu’au « Musée de la résistance ». Avant d’interroger le personnel, nous avons visité brièvement le musée pour nous remémorer ces moments sombres de notre histoire. Une dame et un monsieur fort accueillants nous ont informées que le musée avait été déplacé en 2006. Ils nous ont fait un mini inventaire des visites, de leur évolution au fil du temps. En 1989, ils ont eu 21 276 visites, en 1990 : 29 000. Puis l’impact du déplacement du musée se fait sentir : seulement 7 182 visites en 2009, soit une baisse considérable. Néanmoins ils constatent un pic en 2010 avec une hausse de 2 115 visites par rapport à 2009. La fréquentation du musée dépend des expositions. Le lieu est respectueux de la diversité culturelle : il propose des traductions dans de nombreuses langues, ce qui prouve l’intérêt international pour ce musée visité par tous types de populations, notamment des groupes scolaires, des anglais ou encore des habitants de la région parisienne. Ce musée illustre la volonté du quartier de s’ouvrir, grâce aux rénovations, à une population touristique.

 

 

Le musée de L’évéché rénové
Arrivés au centre historique
Le quartier vu depuis les bords de Vienne

 

Le quartier de la cathédrale fini à peine d'être rénové, ce furent des travaux de longue haleine. Lorsque nous sommes arrivées à la place de la Cité, deux d’entres nous ont fait la connaissance de Marcel ,75 ans, résident du quartier depuis 45 ans. Souriant, il a accepté de nous livrer son ressenti avec nostalgie et émotion, nous confiant que les travaux dans le quartier étaient « un mal pour un bien » et que lui, en tout cas, il en bénéficiait déjà. En effet il pouvait maintenant aller acheter sa baguette de pain en toute sécurité, sans se soucier des conducteurs de véhicules qui stationnaient auparavant sur la place et qui n’étaient pas vigilants envers les piétons. La place étant aujourd’hui interdite aux voitures, ce problème est résolu. Il a souligné aussi que les rénovations ont donné une deuxième vie au quartier, plus propre et plus agréable. Cependant il a regretté que l’étalement des travaux ait perturbé sa tranquillité. Et si Marcel était enchanté de retrouver la splendeur de sa cathédrale, il souhaitait que ce patrimoine soit davantage valorisé en adaptant les horaires d’ouverture aux touristes car elle n’est ouverte au public que l’après- midi. Pendant ce temps, trois d’entres nous avaient la chance de rencontrer l’évêque de Limoges lui-même croisé sur la place. Il nous invita à le rejoindre à l’évêché, situé à quelques mètres de la cathédrale. Habitant dans le quartier depuis près de 18 ans, il avait pu constater l’impact des travaux. Selon lui « c’est très emmerdant » - ce sont ses mots ! - surtout à cause des nuisances sonores. Mais c’était aussi essentiel afin de diminuer l’insalubrité des appartements et de réduire les dépenses énergétiques. Les travaux d’assainissement ont créé des difficultés pour se déplacer dans le quartier. Il a souligné aussi que la rénovation de la place n’a rien arrangé aux problèmes de stationnement. En effet, l’effectif des paroissiens tend à diminuer car les places de parking sont rares. De plus, il n’y a pas d’arrêt de bus à proximité ce qui est gênant pour des personnes à mobilité réduite. Il a raconté comment la population a changé au fil des années. En effet, au début des années 60, la classe ouvrière, qui travaillait à l’usine de porcelaine et de céramique « Royal Limoges », et la population immigrée (notamment la communauté portugaise) étaient majoritaires dans le quartier. Ces personnes y habitaient car les loyers étaient peu onéreux. Au fil des années, la population s’est transformée. Aujourd’hui ce sont surtout des étudiants et des personnes âgées qui habitent là. Il a souligné aussi que seulement trois commerçants ont réussi à faire vivre leurs magasins dans la Cité. Il pense que le quartier perd des habitants car il n’y a qu’un seul boulanger et pas d’autres commerces de bouche (boucherie, épicerie...). L’évêque a déploré qu’il n’y ait plus autant de convivialité et de vie sur la place, depuis qu’elle est piétonne, à part « un homme bizarre se promenant avec son chien ». Les gens ont maintenant tendance à contourner la place, et lui, il aimerait voir jouer des enfants au foot, par exemple. Ceci dit les rénovations ont permis de préserver ces vieilles pierres chargées d'histoire. Notre périple s’achève, nos pas nous ont conduites avec beaucoup d’enthousiasme vers ce cœur de Limoges que nous connaissions peu et où nous reviendrons avec grand plaisir.

 

En contrebas, le pont des bords de Vienne
'L'Abbessaille'
La cathédrale et son clocher jadis séparé

 

Chapitre 3 - ’Rendez vous Place Denis Dussoubs’

Hier, 21 Septembre 2010, nous sommes allées place Denis Dussoubs à Limoges pour observer ce quartier animé et comprendre ce qui le rend à ce point vivant. Nous l'avons choisi parce que c’est un point de rencontres, et quand on arrive à Limoges, c’est un des premiers endroits que l’on traverse vu qu’il relie le centre ville à la gare. Plusieurs d’entre nous, toutes élèves au lycée Suzanne Valadon, et originaires d’autres villes que Limoges, passent nécessairement par là car c’est une porte d’accès aux rues piétonnes où se trouvent toutes les boutiques.

De la Gare à la place Denis Dussoubs

Parties à 9h00 du lycée, nous avons remonté la rue François Perrin, la place des Carmes, puis la rue des Arènes, qui débouche sur la place d’Aine. Les rues étaient calmes, il n’y avait pas grand monde, sauf à l’arrêt des bus « Place d’Aine » où se retrouvaient des lycéens. Nous sommes ensuite descendues par le boulevard Victor Hugo vers la place dite « rouge ». Les Limougeauds lui donnent ce surnom parce que les bâtiments sont presque tous crépis de rouge. Sur la place, les barmans commençaient à installer les terrasses et les livreurs à approvisionner différents cafés : « L’absolu café », le « Zoom café », le « Bombay », la « Brasserie Michard » et d’autres commerces comme la « Pâtisserie F. Piquet », la Crêperie « coté crêpes », le restaurant « La table Basque », le « Glacier » et enfin les deux tabac-journaux où arrivaient les nouvelles du jour.

 

Un rond point ancré dans les traditions

 

Nous nous sommes séparées en deux groupes. Trois d’entre nous se sont rendues au tabac où nous avons rencontré une jeune buraliste qui était là depuis trois jours exactement. Elle nous a communiqué son enthousiasme à travailler dans ce quartier. Pour elle c’est un lieu vivant, qui bouge beaucoup la nuit, et ses voisins de terrasse sont sympathiques. Dans la pâtisserie voisine de Monsieur Piquet, implanté là depuis 26 ans, l’employée, une jeune brunette, ne manifestait pas le même plaisir. Elle paraissait plus sceptique quant à la vie de ce quartier : « Les commerçants partent les uns après les autres, et l’évolution ici va de pire en pire », dit-elle. Selon nous, cette femme était pessimiste et croyait peu en la vivacité future de ce quartier. En sortant de la pâtisserie, nous sommes tombées sur deux agents de stationnement, un homme grand et imposant, et une femme petite et menue. Ils se sont mis à nous raconter la vie du quartier, heureux de nous transmettre leur savoir historique. Ils nous ont dit que cette place s’anime le soir après 23h00, sans pour autant attirer des problèmes. Un peu plus loin un jeune barman qui ouvrait son commerce nous a fait l’éloge de son quartier. Il nous a expliqué que ses horaires dépendaient des séances de cinéma et que sa clientèle était diversifiée. Le seul bémol pour lui : le stationnement. « Ici, c’est la merde ! », dit-il. Franck, Limougeaud depuis trente ans et demeurant ici depuis six ans, trouvait cette place harmonieuse. Elle lui faisait penser à la place Wilson à Toulouse. Il appréciait la proximité des lieux de loisirs comme les restaurants, le cinéma ... Mais il trouvait dommage qu’aucun café ne soit ouvert le dimanche matin.

 

1901 : statue de Denis Dussoubs

 

Pendant ce temps, l’autre groupe poursuivait son exploration en rencontrant la boulangère. Elle est là depuis deux ans et le quartier lui plait bien. Elle était discrète et ne savait pas trop quoi dire, nous n’avons donc pas insisté et sur son conseil nous nous sommes rendues chez le bouquiniste sur le trottoir d’en face.

Dans sa boutique depuis 1984, une odeur ancienne se dégageait et on sentait la nostalgie d'autrefois qui régnait dans la pièce. Il avait constaté une évolution : « Les maisons sont peu à peu fractionnées en appartements, il y a de plus en plus de restaurations rapides et d’épiceries de nuit ». Pour lui la population est plutôt âgée, et les commerces sont moins variés. Mais aujourd’hui comme hier, il aime travailler et discuter avec sa clientèle.

Ensuite nous avons pris la rue de l’Anglais où se trouvent plusieurs écoles : maternelle et élémentaire. Les enfants étaient tous en classe. Nous pensions interroger certains d’entre eux ou des enseignants à la récréation de 10h00, mais la cloche n’a pas sonné. Comme le silence régnait aux alentours, nous avons poursuivi notre chemin. Dans la rue Montmailler, nous avons abordé une passante, âgée, souriante et dynamique, Limougeaude d’origine et passionnée par sa région. Elle trouvait le quartier assez sale, mais elle s’y sentait en sécurité. Elle était aussi satisfaite des transports qui, selon elle, desservent bien le quartier. Son seul désagrément : « Les jeudi soirs, les étudiants sont de sortie et beaucoup trop bruyants. Si j’avais assez d’argent, je déménagerais dans un autre quartier », dit-elle. Elle nous a appris qu’auparavant Limoges était une ville très ouvrière et révolutionnaire : c’est ici que la CGT est née en 1885. Alors il nous est venu à l’idée que la place rouge portait bien son surnom!

Vers 10h30, nous nous sommes toutes rassemblées. Le soleil perçait mais il faisait encore frais. Sur les terrasses il y avait encore peu de monde : seulement quelques personnes qui prenaient le temps de boire un café, seules ou accompagnées. Afin de poursuivre notre découverte, nous avons descendu l’Avenue de la Libération pour nous rendre à la gare. Les alentours de cette grande avenue sont très fournis en banques et agences immobilières proposant beaucoup d’appartements à louer. Elles s’égrènent tout au long de notre chemin. Sur le parcours nous avons observé aussi de grands bâtiments historiques, où siègent la Préfecture et le Conseil Général. Nous sommes, là, au bord du centre ville administratif.

Au carrefour, nous nous sommes à nouveau séparées, devant le bar « Le Berrichon » qui fait l’angle avec la fameuse Avenue Garibaldi dans laquelle se trouve le « centre commercial Saint Martial » très prisé par les familles et les jeunes. A quatre, nous sommes entrées dans l’échoppe d’un cordonnier, jeune, la trentaine, brun, barbu, très souriant, dont l’entreprise familiale existe depuis 1906. Sa petite boutique est donc très ancienne. Des chaussures étaient entassées dans tous les coins et une forte odeur de cuir s’en dégageait. Il nous a confié qu’il était sentimentalement très attaché à ce quartier. Il n’a pas noté beaucoup de changements, mise à part la destruction d’un immeuble, au profit d’un parking découvert d’ailleurs très pratique ; ainsi que la rénovation du parc « le Champ de Juillet » pour le bonheur des enfants. Il trouve le quartier plus calme depuis que la boîte de nuit, « Numéro Bis », a brûlé l'an Passé. Il y a selon lui moins de vandalisme et de dégradations dans le quartier à présent.

 

Vue depuis le parvis de la gare

 

Pendant ce temps, trois d’entre nous entraient dans une vieille pharmacie à la devanture en bois, très typique. Pendant que la pharmacienne, âgée et de petite taille, finissait de servir la clientèle, nous admirions l’harmonie de ce lieu : le plafond décoré, les vieux pots d’apothicaires pleins de plantes médicinales sur les étagères... Une ambiance très chaleureuse au premier abord. Mais dès que la pharmacienne nous aperçut, elle nous dit sur un ton glacial : « Qu’est ce qu’elles veulent celles-là ? ». Nous nous sommes présentées, mais elle a refusé de nous accorder une seconde. Nous l’avons remerciée et sommes parties. Vers onze heures, nous nous sommes toutes rejointes devant le même bar « le Berrichon » dont la terrasse était maintenant occupée par une clientèle assez métissée, calme et souriante. Nous avons pris la direction du Champ de Juillet. Là-bas, nous avons engagé la conversation avec une passante qui nous a raconté que le champ de Juillet avait deux facettes : l’une le jour, l’autre la nuit. Le jour, c’est un parc de jeux et de détente, très vert et très fleuri ; et la nuit, un lieu de racolage et de prostitution. A l’heure où nous y étions, nous fumes ravis de son aspect parc paysager très bien entretenu et ressourçant. Les enfants s’y divertissent et les adultes s’y reposent ou font leur jogging. Il était près de midi. Certains passants dégustaient un sandwich, certainement avant d'aller travailler. Des employés de la mairie, tout d’orange vêtus, nettoyaient les fontaines. Surprenant non ? On se croyait sur une autre planète ! Pourquoi ? Parce que dans notre imaginaire et dans certains films de science fiction, les extraterrestres sont souvent représentés en combinaisons flamboyantes. Levant les yeux, on pouvait voir la façade de la gare et son cadrant. La belle et grande gare de Limoges. Un passage piéton et nous voilà arrivées aux portes du « Bénédictin », un grand monument emblématique et particulièrement joli. Tandis que les annonces de la SNCF se succèdent, trois d’entre nous vont à la rencontre des agents d’accueil de la gare, vêtus d'une veste mauve avec le logo de la SNCF. Ils parlent au nom des cheminots de Limoges. Ils sont tous très fiers de travailler dans l'une des gares classée « plus belle gare d'Europe ». C'est avec un grand sourire satisfait qu'ils nous racontent le tournage de la publicité Coco Chanel avec l’actrice Audrey Tautou. Au bar à l’entrée de la gare, le barman, jeune et agréable, nous dit qu'il aime voir passer les voyageurs d'horizons différents. Il nous a également appris que le 5 février 1998, le dôme avait brûlé. De son bar, il avait une vue globale de la gare. Lui aussi aimait travailler ici. En sortant, nous avons voulu nous mettre dans la peau de quelqu'un qui, pour la première fois, arrivait à Limoges par cette gare et s’arrêtait devant le paysage avec au loin, la cathédrale, les clochers des églises, à droite, le champ de Juillet, à gauche la cité ouvrière des Coutures avec toutes ses cheminées et quelques grands hôtels au loin. En contrebas, les emplacements « arrêt minute » et les taxis. Trois chauffeurs d'une cinquantaine d’années et tous également chauves, attendaient le prochain train. Nous avons discuté quelques minutes avec eux. Originaires de Limoges, ils trouvaient que la ville avait évolué : réaménagements de chaussées et de carrefours, constructions, destructions, embellissement. L'un d’eux nous parlait d'un grand mélange culturel au sein de la ville qui la rendait vivante, tandis qu’un autre la qualifiait de « tombe ». Pour lui « Limoges se meurt de jour en jour : la porcelaine a perdu de son rayonnement, les productions ont été délocalisées, les usines de chaussures parties en Italie et maintenant les casernes vont fermer ».

 

 

Plan du 'Champs de juillet'

 

Midi passé, un petit creux s'est fait sentir. Nous sommes revenues place Denis Dussoubs et nous sommes installées à une sandwicherie au centre ville. Vers 14h, sur la terrasse du café « Bombay », nous constations plus de mouvements sur la place et un plus grand flux de circulation. Il faisait plus chaud, la circulation était dense et les passants nombreux à traverser. Nous avons remarqué que c’était un carrefour dans lequel les automobilistes peinent à circuler car malgré les 4 feux, 6 rues nécessitent de laisser la priorité à droite. Nous voulions rencontrer le directeur du cinéma « Grands écrans », haut lieu d’animation de la Place rouge. On pouvait à cette date voir les films « Avatar édition spéciale », « Inception », « L’âge de la raison », « Toys Story 3 »... Pour cela nous nous sommes adressées à la guichetière à l'entrée qui nous a amenées au bureau de la secrétaire au premier étage. Elle ne connaissait pas vraiment l’historique du lieu mais elle nous a fait découvrir les coulisses du cinéma : le tapis rouge dans les escaliers et de nombreuses couleurs chaudes. Le directeur était absent, il ne revenait pas avant vendredi. Nous n'en avons donc pas plus appris concernant l’histoire de ce haut lieu de rassemblement. Nous avons continué d’explorer la place et ses alentours. Quatre d'entre nous sont allées dans un magasin de jouets « Galipettes et Roudélous » dont les propriétaires, un couple qui attendait un heureux événement, nous ont accueillis chaleureusement. L'intérieur était magique et très coloré. Ce magasin égayait la rue Adrien Dubouché. La vendeuse a dit que le quartier bougeait beaucoup, que sa clientèle était dense et variée grâce à la maison de retraite et l'école à proximité qui attirent les familles. Au Comité Départemental du Tourisme, situé au coin de la place, une jeune employée nous a beaucoup appris sur l'histoire de ce quartier qui porte le nom d'un célèbre avocat, mort pendant la révolution, après s'être battu contre Napoléon III. Auparavant, une statue à son effigie se dressait au milieu de la place, mais cette dernière fut fondue pendant la seconde guerre mondiale, pour l'armement des allemands. D'ailleurs, nous savons maintenant qu'il ne reste qu’une seule statue à Limoges, place Jourdan. La jeune femme nous a également manifesté sa joie de vivre à Limoges qui est une ville au centre de la France et donc à proximité de la montagne, de la mer, de Paris... (À 2h30 - 3h cependant). La rencontre d'une charmante mercière, qui vit dans le quartier depuis sa naissance soit 54 ans, a adouci le souvenir de l’accueil glacial de la pharmacienne. Nous avons passé un peu plus d'une heure dans la mercerie à écouter cette dame raconter la vie du quartier et son évolution avec à l’appui quelques vieilles cartes postales représentant la place rouge. Son magasin est implanté là depuis 30 ans et l'évolution qui l’a le plus marquée, sans doute parce qu’elle a une influence sur sa clientèle, c’est celle du stationnement : elle a connu en 1970 le stationnement totalement autorisé autour de la place, en 1980 une rue devenue demi stationnaire, et en 2009 quasi piétonne avec une suppression des arrêts de bus dans les alentours. C’est alors qu’elle a constaté une certaine baisse de sa clientèle. Par ailleurs elle nous a parlé d'une spécialité Limousine : les limogettes qui sont désormais fabriquées à Bordeaux, faute de repreneurs sur Limoges. « C’est un comble quand même », dit la mercière... Cette femme semblait très attachée à sa ville et nous avons pris beaucoup de plaisir à discuter avec elle.

 

 

 

Aussi appelée la 'place rouge'

 

Vers la fin d’après-midi, nous nous sommes assises au pied d'un lampadaire, pour nous reposer et observer les va-et-vient du quartier. Des écoliers traversaient, des amoureux se promenaient, une femme enceinte, un aveugle guidé par son chien... Le soir, trois d'entre nous sont allées boire un verre pour observer la vie nocturne de ce quartier : les sorties de cinéma, des terrasses bien remplies, des jeunes surtout. Cette bonne ambiance nous a séduites. Le lendemain, nous sommes retournées sur le terrain en début d’après-midi. Il n’y avait pas foule Place Denis Dussoubs, des travaux, de la poussière, beaucoup de circulation, des livreurs encore. Nous avons pris le temps de boire un verre à la terrasse d'un café. En ce mercredi après midi, jour de congé scolaire, nous avons constaté que les sorties de cinéma drainaient effectivement l’essentiel de la clientèle familiale et étudiante pour les commerces alentours. Reprenant le chemin de la gare par l’Avenue de la Libération, nous nous sommes arrêtées pour discuter avec une employée de l’agence immobilière ORPI qui fait le coin de la place avec le boulevard Victor Hugo. Pour elle, l'investissement marche très bien dans ce quartier proche de toutes commodités. Cependant elle n'a pas pu nous donner une fourchette de prix. Cela dépend de l'état, de la surface et de la position du logement. Cette agence est ouverte depuis peu : elle a remplacé la « Librairie Petit » qui avait pignon sur rue depuis des décennies. Cela montre, encore une fois, le départ des petits commerces au profit des services et des grosses enseignes. De même, ce sont surtout des boutiques de photocopies en libre service qui ont ouvert dernièrement, montrant bien l’importance des étudiants dans ce quartier. Sans nul doute, leurs allées et venues constituent une grande part de l’ambiance de la place. Plus tard, au Champ de Juillet, nous avons rencontré Florence, mère de deux enfants, plongée dans son magazine « Femme actuelle ». Elle était assise sur un banc et a gentiment accepté de nous accorder du temps. Ses enfants jouaient « J'ai tous mes mercredis après-midi, je les accorde donc à mes enfants qui n'ont pas école ce jour là. Ils aiment venir se divertir ici, surtout avec un tel temps. Pour ma part j'aime aussi beaucoup aller au jardin de l'évêché près de la cathédrale St Étienne. Nous sommes bien dans ce parc, c'est propre, reposant et agréable. Et la présence des fontaines est sympathique ». Il faut dire que Limoges bénéficie de 4 étoiles dans le palmarès des villes fleuries.

 

Le Trolley bus Limougeaud

 

L'après-midi touchait déjà à sa fin, nous sommes rentrées, contentes de ce périple et de ce que nous avions glané en chaleur humaine dans ce quartier incontournable de Limoges.

 

La gare des Bénédictins se reflète

 

Chapitre 4 - ’Il y a des rumeurs là-bas’

Nous sommes le mardi 21 septembre 2010...Aujourd’hui, nous partons à sept, tous étudiants du Lycée Suzanne Valadon de limoges pour découvrir la ZUP de l’Aurence qui se trouve à environ deux kilomètres du lycée, au bord du boulevard de la Borie, à hauteur du panneau indiquant la direction d’Angoulême. Nous voulions voir, par nous mêmes, ce que révélaient ces rumeurs sur 'La Zup', ce qui se cachait 'derrière les murs', ce qui se voyait... et ce qui ne se voyait pas... Les préjugés confrontés aux saveurs des vraies rencontres...

La Zup de l'Aurence

Le matin est frais mais ensoleillé. Il est 9 heures quand nous nous retrouvons à la place Churchill où nous nous sommes donné rendez-vous, dans le centre ville. Nous prenons le bus N° 8 de la TCL (Transports en Commun de Limoges), à destination de « Maréchal Joffre » pour nous arrêter au centre commercial. Nous quittons le centre ville, les voies des bâtis se déconcentrent. Dans le bus, nous ne sommes pas très nombreux, pratiquement tous des jeunes, quelques personnes adultes de couleur, quelques femmes voilées se fondent parmi nous. Le bus est calme, les gens sont seuls. Une dizaine de minutes plus tard, le bus nous dépose à l’arrêt appelé « Centre commercial ». Nous sommes devant la galerie marchande Carrefour. À gauche, l’entrée du parking, une banque, un salon de coiffure, une pharmacie. À droite, un petit parking découvert, presque vide, et la route qui se poursuit derrière le centre commercial. En face de nous, la galerie marchande s’ouvre sous une enseigne au néon « Bienvenue à Limoges Corgnac » et dans un décor exotique de palmiers plantés dans de grands pots de terre cuite.

 

 

La Zup

 

Au milieu de la galerie, un bar brasserie PMU où nous décidons de nous installer afin d’observer le va-et-vient des clients. Le bar s’appelle « Bistrot Grill ». Il est tout ouvert sur la galerie. Plusieurs clients sont attablés devant un café, lisant un journal ou lancés dans une conversation. Sûrement des habitués qui ont pour coutume de se retrouver là pour parler du temps qui passe. Les hommes sont nettement plus nombreux, les seules clientes sont accompagnées d’un homme. On aperçoit un Africain habillé traditionnellement de la tête aux pieds portant un boubou de toutes les couleurs aux motifs représentants des éléphants et un chapeau atypique et deux autres hommes en bleu de travail. Presque tous les clients semblent d’origine étrangère. Certains parlent français, d’autres leur langue natale. Nous nous sentons comme étrangers, pas à notre place, nous n’avons pas l’habitude de voir autant de personnes étrangères ni d’entrer dans un café comme celui-ci, de bon matin. Plusieurs détails piquent notre curiosité : des photos de stars comme Robert Redford, Stalone, Audrey Hepburn, Clint Eastwood et Charlie Chaplin ; ainsi que la tenue sexy de la serveuse par ailleurs toute souriante et accueillante.

Nous prenons un café ensemble, puis nous nous séparons. Deux d’entre nous vont à la rencontre de l’hôtesse d’accueil de Carrefour. Nous l’interrogeons sur la clientèle du magasin, qui, selon elle, ne change pas beaucoup au fil des ans. Elle reste fidèle, avec l’habitude de venir faire de petites courses pratiquement tous les jours. L’hôtesse travaille dans le supermarché depuis dix ans. Elle était donc là avant la rénovation qui a englobé dans la galerie marchande la place découverte au milieu du centre commercial maintenant fermée. Elle dit du magasin que c’est comme une épicerie de quartier. C’est une place importante, un repère pour les riverains qui y ont leurs habitudes. Toutefois, à partir de dix-huit heures, les clients deviennent méfiants, de peur de rencontrer des groupes de jeunes du quartier. Au moment où nous ressortons de la galerie nous voulons interroger des passants. On tente d’aborder un couple de retraités, mais c’est un échec : l’un des seuls. Nous sommes étonnés de voir au contraire, avec quelle facilité, quel enthousiasme et quelle implication les personnes s’ouvrent à nous. Nous avons néanmoins remarqué une nette différence entre les témoignages chaleureux des habitants et ceux, plus distants, des gens qui travaillent dans le quartier.

 

'Les tours jumelles'

 

Une rencontre marque notre première sortie sur le terrain : Monique. Nous n’avons pas à aller vers elle : c’est elle qui nous aborde. La soixantaine, les cheveux longs couleur auburn, le sourire aux lèvres, toute vêtue en jeans et le sac à dos sur les épaules, elle s’apprêtait à repartir à bicyclette quand elle nous aperçoit. « Qu’est-ce qui se passe ? », demande-t-elle. On lui explique pourquoi on est là. Et on a envie de rester avec elle. On sent que c’est une vraie rencontre. Elle a des tas de choses à raconter : elle connaît depuis plusieurs années Monsieur Laurent, le patron du grill qui a été garde du corps, et qui adore le cinéma. Nous faisons aussitôt le lien avec le décor de la brasserie. Sous l’aile de Monique, nous retournons au bar, heureux d’être présentés en bonne et due forme au personnel : Laurent, Florence et Kadisha. Certains d’entre nous vont interroger le barman. Il nous explique qu’il est établi là depuis 1974, que tout s’est construit autour de Carrefour et que le bar a été obligé de s’intégrer sinon il disparaissait. La clientèle est faite d’habitués une fois de plus, un « tri » à dû être effectué surtout vis à vis de groupes de jeunes qui seraient les principaux, voire les seuls perturbateurs du quartier. Le quartier est d’une grande mixité, il est sensible voire dangereux selon le barman. Ce qui se développe à Limoges serait, toujours selon lui, les prémisses de ce qui se passe depuis longtemps dans les banlieues parisiennes .Ce sont principalement des bandes de 15 à 18 ans qui se font remarquer, qui posent de réels problèmes mais qui sont encore aujourd’hui contrôlées. Mais le matin et à l’heure du déjeuner, c’est tranquille. Les clients viennent au bar en sachant qu’ils y seront bien. C’est convivial, une moyenne d’âge homogène, et souvent de vieilles connaissances. Il qualifie le quartier de « melting-pot » avec des immigrés d’Europe de l’est, d’Afrique noire, du Maghreb. Le barman évoque son métier. Pour lui, être barman peut relever parfois du social. Un bar est un lieu d’échanges, de mélanges, de dialogues. Le personnel y est aussi pour quelque chose : il doit être professionnel et commercial, ferme et sociable, proche des gens, ouvert mais savoir poser des limites. Pour maintenir cet équilibre, dans le bar comme dans la galerie, il faut être vigilant, surtout avec la vente d’alcool. La transformation du centre commercial a « redistribué la clientèle », dit-il. Il en retire du positif : le lieu est devenu plus propre, mieux tenu, plus accueillant et la fréquentation a fait de même. Les gens sont plus à l’aise selon lui, les individus se respectent mutuellement. Malheureusement, tous ceux qui venaient par amour de la terrasse ensoleillée ne sont pas tous revenus. Dans l’ensemble, il n’y a donc pas de problème particulier, la sécurité est présente, ainsi que depuis peu, les caméras. La maintenance aussi est meilleure : il n’y a plus de tag depuis qu’il y a un service de nettoyage. Mais malgré ces apparences plutôt bonnes, Laurent note depuis son arrivée que la situation se dégrade pour les habitants.

 

à l'entrée de l'école

 

Il est près de onze heures. Le soleil brille, les passants se font plus nombreux. La pause de midi se fait sentir sur la place. Nous continuons d’avancer tranquillement dans le quartier, guidé par Monique. Elle a déjà vécu dans le quartier et continue d’y faire ses courses. Elle nous amène à la radio locale « Radio Trouble Fête », au 15ème étage de l’une des tours derrière le centre commercial. La radio existe depuis la fin des années 70, époque où les radios locales étaient interdites. Pénétrant dans le hall, nous sommes frappés par les couleurs ternes, l’odeur désagréable, assez aigre, la cage d’escalier peu entretenue. Nous prenons l’ascenseur qui n’inspire pas confiance. Une jeune femme nous ouvre la porte, le responsable programmation, Yann B, étant en train de préparer une émission à venir, elle nous conseille de prendre contact avec plusieurs associations dont la « Maison de Quartier » et « l’Intervalle », un bar sans alcool. Monique repart. « Vous vous rendez compte, les rencontres qu’on faits ! », dit-elle.

En sortant de l’immeuble, nous nous dirigeons vers l’école Jean Le Bail située au centre du quartier. L’heure est propice à l’observation. . C’est l’heure de midi. Les enfants quittent l’école. Les pères viennent les chercher ou les grands frères, surtout d’origine maghrébine. Nous sommes surpris qu’il y ait ici plus d’hommes que de femmes à la sortie de l’école. Les enfants sont joyeux, il y a des bons rapports entre les gens, des discussions, des rires. Une voiture de police patrouille dans la rue. Une voiture passe, conduite par une femme voilée. Contraste de tradition et de modernité. Dans le parc voisin, un agent d’entretien nous confie son désarroi : « Je suis blasé à la vue du non respect des règles d’hygiène. Devant les maisons, c’est propre. Mais devant les immeubles, c’est dégueulasse, quand on nettoie, on revient le lendemain c’est la même chose ». En effet, nous regardons maintenant plus en détails et nous nous rendons compte que nous étions dans les quartiers les plus populaires de la cité : « les bâtiments en étoile ». Ces trois petites tours sont surnommées ainsi par leurs formes étranges semblables à une étoile. Nous voyons le sol jonché de détritus en tout genre, on ne pouvait pas éviter les déchets en marchant tellement ils étaient nombreux. Nous comprenons maintenant le désarroi de l’agent d’entretien. Nous ne sommes pourtant qu’à quelques dizaines de mètres du centre commercial et des quartiers propres.

 

un espace très investit socialement

 

Nous décidons d’aller manger au restaurant de l’Institut Universitaire Technologique (IUT) , de l’autre côté du périphérique . C’est l’endroit, ou tous les étudiants de l’IUT mangent, qui fait contraste avec le quartier que nous venons de visiter, comme si l’IUT voulait porter un message d’espoir dans un quartier ou la pauvreté règne. Nous voyons que l’endroit est entretenu, propre, coloré, avec un certain standing. Intrigués par le contraste entre la convivialité que nous avons observée chez les habitants et les peurs diffuses dont on nous a parlé, nous décidons après le repas de poursuivre notre petite enquête au commissariat de police. L’agent nous explique que le quartier est calme dans l’ensemble. Il y a une petite délinquance de la part des 12-18ans. Ils ne rencontrent que peu de problèmes tels que les agressions, les attouchements ou encore des viols ou de l’inceste. Ils sont aussi souvent confrontés à des soucis d’alcoolisme, des petits délits et de la violence conjugale. La zone sud de la ZUP (avant Landouge) semble plus agitée Le policier nous suggère d’aller à la Maison de la Solidarité où nous rencontrons une Assistante Sociale, qui nous informe que le taux de chômage des jeunes atteint ici 40%. Les personnes touchant le SMIC sont vues comme les plus « riches ». La majorité des ménages du quartier reçoit le RSA et d’autres minimas sociaux. Beaucoup d’habitants demandent de l’aide pour leur vie quotidienne, la gestion du budget et aussi pour leurs enfants. Là nous avons discuté avec trois habitantes maghrébines du quartier que nous avons abordé en nous promenant vers le parc de L’Aurence. Elles se trouvent en contrebas d’un escalier en béton, devant l’entrée d’un immeuble. Elles discutent entre elles. Engager une conversation avec ces femmes nous semble un bon moyen d’avoir le point de vue des habitants sur la vie du quartier. Elles qualifient les rapports de voisinage de « très tendus, difficiles à vivre ». Elles nous expliquent que selon elles « des gens du voyage », jettent leurs déchets par les fenêtres, urinent dans les ascenseurs, n’ont aucun respect pour leur entourage. La situation les désole, elles ne se sentent pas en sécurité et veulent déménager au plus vite. Vivre à La ZUP n’a jamais été une question de choix. Les relations entre les communautés semblent être le problème clé ici. Cependant certaines familles, notamment celles qui sont propriétaires, sont très attachées à leur appartement et ne souhaitent pas s’en aller... C’est le cas des immeubles mieux entretenus, aux balcons fleuris, qui se trouvent vers l’IUT et les appartements étudiants, c’est-à-dire vers l’espace étudiant, le plus attrayant du quartier. Cela donne un aspect de la ZUP plus accueillant.

Nous partons en direction de l’école Jean Le Bail dans le but de recueillir différents points de vue sur le quartier Nous découvrons des pelouses autour, jonchées de déchets : médicaments, aspirateur, chaussures, sièges de voitures... Il est 16h30, nous arrivons pour la récré, nous entrons et la directrice accepte de nous rencontrer, nous lui en sommes très reconnaissant. Elle dit constater une évolution négative du quartier depuis huit 8 ans qu’elle travaille dans cette école, et parle même de « chute totale » du quartier suite à la dégradation de ces locaux. La majorité des enfants de l’école viennent principalement de Mayotte. La diversité culturelle se ressent dans l’établissement comme dans le quartier et qu’elle n’est pas sans poser de problèmes. « Les codes ne sont pas les mêmes : la cellule familiale se présente comme une tribu où la transmission de la culture se fait par la mère. Beaucoup ne connaissent pas le nom de leur père, et donc le leur. Ce sont généralement les oncles ou grands frères qui sont chargés d’aller chercher les enfants à la sortie ». Elle dit aussi être témoin de tensions entre Africains et Maghrébins et constate certaines, violences comme par exemple la maltraitance d’un enfant affirmée par des traces physiques constatées par elle-même. Elle a voulu mettre en avant les différences culturelles d’éducation. Ce cas reste cependant isolé selon elle. « Il faut être conscient qu’ils vivent parfois à 10 ou 15 dans un appartement » nous confie-t-elle. Elle ne se définit pas comme une institutrice mais plutôt comme une assistance sociale : elle a un gros travail de communication à établir entre les parents et enfants. La pénurie de logements sociaux et les difficultés économiques croissantes expliqueraient cette concentration dans les logements. De plus ces communautés sont très accueillantes et laisseraient difficilement un membre de leur famille, même élargie, à la rue.

 

Les tags signent les territoires

 

Le lendemain, revenant dans le quartier, nous croisons des enfants qui vivent dans les immeubles dits « en étoile ». Ils disent ne pas se sentir en sécurité, ils ont notamment peur des chiens dont la rumeur court que certains maîtres leur apprendraient à mordre et même aiguiseraient leurs dents. À la Maison de Quartier, un animateur nous confie que cette structure sociale est plutôt fréquentée par des jeunes qui viennent s’inscrire eux mêmes, leurs parents ne parlant pas le français et étant peu investis dans la vie du quartier. Ainsi le jeune est un souvent un intermédiaire entre la famille et les établissements institutionnels. Le président de la Maison de Quartier a un discours qui tranche sur celui de nos interlocuteurs précédents. De son point de vue, il n’y a pas beaucoup de violences dans la ZUP, mais les gens s’expriment peu. Comment s’en étonner ? Ils n’ont pas beaucoup de droits, pas même celui de voter. À l’opposé, des personnes bénéficiant de ces droits, souvent plus âgées, se radicaliseraient selon lui à droite. Ainsi les avis sont partagés sur cette ZUP et il faudrait pouvoir creuser notre enquête pour en savoir plus. Un animateur de la radio nous ayant conseillé la veille de nous rendre dans un bar sans alcool près du boulevard de la Borie., nous décidons d’aller jeter un œil.

 

zup Nord - zup Sud des horizons encore différents

 

Nous nous sommes attablés au « Jump ».C’est un petit bar du quartier au carrefour du périphérique et de l’entrée de la ZUP, il est exigu et rendu agréable par des décorations. La terrasse fait une avancée sur l’allée commerçante. Les quatre tables de la terrasse étant occupées, la patronne demande à un client de nous céder sa place et de se joindre à d’autres habitués. Il refuse et une dispute éclate entre la serveuse et ce client Les insultes fusent, nous sommes presque au bord de l’empoignade. La serveuse ne s’en laisse pas compter. Un peu embarrassés d’avoir suscité un esclandre, nous souhaitons toutefois lui poser quelques questions sur son travail. Par discrétion vis-à-vis des autres clients, elle nous invite à quitter la terrasse et à la rejoindre dans le bar. Elle nous apprend qu’elle est propriétaire du bar depuis deux ans, mais qu’elle n’habite pas le quartier. « Pour rien au monde, je ne viendrais habiter ici où la plupart des gens n’ont rien à foutre », dit-elle. Puis elle ajoute : « Sarkozy devait passer le karcher...bé je l’attends toujours !! C’est moi qui suis obligée de le passer toute seule ! ». D’origine maghrébine, elle avoue ne pas supporter que les clients se comportent mal. A son arrivée, des groupes de jeunes venaient aux alentours du bar et détérioraient les lieux et volaient les commerces, mais elle s’est imposée. Maintenant ils ne viennent plus et les commerces alentours sont soulagés. Cependant, les accros avec les clients qui ont tendance à se sentir rois chez elle, sont fréquents. Mais il n’y a pas d’accidents majeurs. Elle n’a encore jamais dû appeler la police. « D’ailleurs, constate-t-elle, les policiers ne passent plus par ici depuis longtemps ».

 

Mais les déchets sont là au pied des immeubles... Incompréhension

 

Ce fut notre dernière rencontre à la Zup de l’Aurence. Nous avons été ravis de découvrir ce quartier de l’intérieur, de pouvoir confronter les points de vue des uns et des autres. Notre but visait à délier les langues à propos des nombreux préjugés qui pèsent sur la zup. Nous n’y sommes pas toujours parvenus : les peurs, les tensions, le laisser-aller sont présents dans les propos que nous avons recueillis. Mais les paroles ne vont pas toutes dans le même sens. Il y a aussi certaines personnes dans ce quartier qui témoignent d’une vraie possibilité de vivre ensemble. Ce sur quoi tout le monde est d’accord, c’est sur la pauvreté de ces familles multiculturelles. Une pauvreté est évidente dans le quartier, elle est à la source de difficultés multiples au sein de communautés diverses et très riches sur le plan humain.

 

et à côté, façades des propriétaires, 2 mondes en un

 

Chapitre 5 - ’Lever les yeux sur un quotidien  que l’on traverse tête baissée’

Le Mardi 21 Septembre, nous nous sommes donnés rendez vous à l’entrée de notre lycée Suzanne Valadon à Limoges, à neuf heures. Dans le cadre de notre atelier d’ethnographie, nous avions décidé d’explorer le lycée et ses alentours, simplement de lever les yeux sur un quartier que nous traversons tous les jours tête baissée.

Le lycée Suzanne Valadon et ses alentours

Point de départ le lycée... Nous avons d’abord interrogé Monsieur Audoin, agent chef du lycée à propos de l'histoire de l’établissement. Il nous a amenés à l'ancienne maison Pénicaud, maison bourgeoise, intégrée par une véranda au lycée et actuellement site des bureaux administratifs. Il nous a ouvert la porte d'une étonnante salle de réunion où trônait une magnifique cheminée en marbre. Il nous a donné quelques dates clés de la construction : le bâtiment A était un ancien couvent construit en 1891. . Le bâtiment C quant à lui fut édifié de 1960 à 1965. Enfin le bâtiment B, en rénovation de 1989 à 1991, fut inauguré par Lionel Jospin. Les formations enseignées, dans les années 80 étaient la couture, le secrétariat et la comptabilité. C’était un « lycée techniques de jeunes filles ».

Le hasard a voulu qu’en sortant du lycée un peu plus tard, nous rencontrions deux dames âgées de plus ou moins 80 ans et qui avaient été élèves à Valadon de 1942 à 1947. Elles nous ont appris qu'à cette époque, c'était un collège moderne et technique.

 

 

La maison Pénicaud

 

 

En remontant la rue François Perrin (du nom d’un professeur de l'école nationale professionnelle, martyr de la résistance pendant la seconde guerre mondiale) nous nous sommes arrêtés au « Multi-Food », (service de restauration rapide) récemment implanté à l'angle de la rue de Rochechouart. Nous pensions que ce commerce ne vivait que grâce aux étudiants des différents établissements scolaires aux alentours. Mais l'employé nous l’a démenti en expliquant que son commerce tourne autant avec les lycéens le midi qu'avec les riverains le soir.

Nous avons ensuite descendu la rue de Rochechouart. Sur notre chemin nous avons remarqué une structure d'accueil de jour médicalisée (Mutualité Haute Vienne), destinée aux personnes âgées et aux jeunes en déficience intellectuelle. L’ancien lavoir, qui fait l’angle avec le parking du lycée, est un lieu fréquenté par les jeunes comme les nombreux tags en témoignent. Nous aurions aimé rencontrer certains d’entre eux et leur demander pourquoi ils aimaient se retrouver ici, mais le lavoir était vide. Les élèves étaient en cours. Nous sommes remontés jusqu’à la rue François Perrin où un grand immeuble a attiré notre attention : il ne payait pas de mine mais son accès était sécurisé par une barrière. Un peintre en bâtiment qui travaillait là, nous a appris que ce bâtiment était une résidence pour personnes âgées. Nous avons continué notre périple jusqu'à l'ancienne annexe du lycée Valadon devenue l'école normale d'institutrice. Notre curiosité nous a amenés à appuyer sur toutes les sonnettes du portail car certains d'entre nous avaient cru apercevoir au loin une silhouette dans l'établissement. Sans réponse ... la bâtisse serait-elle hantée ?

 

 

 

Arcades du Lycée

 

 

Notre groupe a ensuite bifurqué dans l'avenue de Naugeat qui offre un contraste frappant avec la rue François Perrin. L'avenue est beaucoup plus calme et verdoyante, plus chic aussi. Du moins en apparence. De belles bâtisses luxueuse, possédant des gardes fous travaillés témoignent du passé bourgeois de la ville. De là, nous avons gagné la rue Sainte Claire, en passant par la rue Montaigut où un charmant jeune homme nous a appris que le Foyer des Jeunes Travailleurs à l'angle de cette rue avait été vendu et était en voie de rénovation pour un autre usage. En face, un Centre Communal d'Action Sociale accueille des personnes âgées dépendantes. De jeunes enfants chahutaient dans la cour de l’école maternelle toute proche. Nous avons imaginé que cette récréation bien vivante venait peut-être égayer la vie des résidents âgés.

 

 

 

 

Itinéraire place des Carmes

 

 

Nos pas nous menèrent ensuite vers le lycée général et technique Auguste Renoir dans la rue Sainte Claire. Tout était tranquille presque désert aux heures de récréations. Nous avons envié à ces lycées l’ombre bienfaisante des arbres plantés tout autour de leur établissement. En tournant à l’angle, nous avons poursuivi vers le jardin Sainte Claire où des adolescents s'amusaient sur des structures de jeux ludiques tels que des toboggans, tunnels, balançoires colorés. C'est un vaste parc, très bien entretenu. Seul bémol : il est placé au bord d'une route très fréquentée et bruyante où les bus et voitures affluent.

 

Square des Emailleurs

 

Remontant vers le carrefour Beaupeyrat, nous avons remarqué de belles berlines stationnées sur le trottoir. Entre autres, une BMW Z3, triple soupape, turbo diesel D5. Nous nous sommes demandé pourquoi elle était là, comme abandonnée, sur le trottoir. Le quartier paraissait aisé : belles voitures, balcons spacieux, plaques de professions libérales. Pourtant l'une d'entre nous qui habite Limoges nous a dit que ces maisons étaient souvent occupées par des étudiants.

Au square des Émailleurs, vaste parc calme, ensoleillé, bien agencé, entouré de tilleuls, agrémenté de terrains de jeux pour enfants (basket, table de ping-pong, toboggan), les bancs étaient si accueillants que nous nous y sommes posés. Rien à voir avec le jardin Sainte Claire que nous venions de traverser. Un vieil homme décontracté promenait son chien tandis qu’une dame d'un âge certain à l'allure très sportive faisait son jogging. Elle évoquait une femme aisée qui, toute sa vie, a eu le temps de prendre soin d'elle. C'est peut-être elle et d'autres passants vêtus avec élégance qui faisaient croire que nous étions dans un quartier bourgeois de Limoges. Après notre halte, nous avons repris notre marche vers le lycée Turgot. Au premier coup d'œil la différence est frappante avec Valadon où nous étudions et le lycée Renoir. Turgot fait figure de prison alors que les abords de notre lycée sont accueillants. Les fenêtres du réfectoire sont grillagées, les murs gris et ternes. Le lycée n'a pas de parvis, quand on sort de l'établissement on se trouve directement sur le trottoir. Il est plus ou moins 11h30, plusieurs classes sont sorties. Les groupes, essentiellement composés de garçons, attendent sur le trottoir en discutant. Ils nous jettent des regards peu amènes, nous n'avons pas trop envie d'engager la conversation. Sur un panneau accroché au mur du lycée, nous découvrons les filières qu’il propose : électroniques, électrotechniques, génie mécanique. Des orientations qui nous font comprendre pourquoi les élèves sont surtout des garçons. Dommage qu'il y ait encore ce genre de clivage mais c'est une réalité historique encore bien présente dans ce quartier et qui se révèle entre ses trois lycées distants de quelques centaines de mètres. Le lycée Renoir, lui, étant plus mixte que les deux autres, peut être parce qu’il est plus récent. C’est étrange, quand même de constater que trois des lycées technologiques de Limoges se trouvent ici, à deux pas du carrefour Beaupeyrat, alors que les deux plus gros établissements d’enseignement général, « de prestige », sont au centre ville. Là, c’est d’un clivage social dont il s’agit.

 

Le jardin d'Orsay

 

 

Quittant les abords du lycée Turgot, nous avons retrouvé la rue François Perrin... La boucle était bouclée... Nous avons alors voulu entrer dans l'église du Sacré Cœur devant laquelle nous passons tous les jours. La porte était ouverte, nous espérions rencontrer le curé, il était malheureusement absent mais une dame était là, assise à un petit bureau juste après l'entrée marquée d'un panneau : Entrée Paroissiale. Nous lui avons demandé des informations sur l'Eglise, elle n'a pas pu nous répondre. Elle tenait juste une permanence mise en place pour éviter les vandalismes... 

 

Un lycée en 3 dimensions et 3 arches

 

Après une pause déjeuner, nous sommes revenus au lycée Suzanne Valadon car nous avions rendez-vous avec Monsieur Priot, professeur d'histoire des arts qui vient juste de prendre sa retraite. Nous nous sommes installés dans la cour en face du bâtiment A. C’est là qu’il nous a conté l'histoire du lycée. Construit en 1891, le bâtiment A est le plus vieux bâtiment du lycée. Son architecture de granit et d’ardoise confirme que c'était un ancien couvent, ainsi que le vestige d’une arcade de l'ancienne chapelle conservée sur le parvis. Monsieur Priot nous a aussi révélé l'existence de souterrains datant de l'époque gallo-romaine sous le lycée. Ils servaient jadis d'aqueduc pour alimenter la ville de Limoges en eau. Nous sommes ensuite retournés à la maison Pénicaud avec notre guide. Elle fut donnée par cette famille bourgeoise en 1920 pour améliorer les conditions de vie de l'ancien collège féminin qui n'avait ni internat ni infirmerie. Jusqu'en 1979, l'établissement devenu lycée n'avait pas de nom. Pour en choisir un, il fallait trouver une femme célèbre, limousine et décédée. C'est ainsi que le lycée fut dédié à Suzanne Valadon, célèbre peintre venant de Bessines, ville au nord de Limoges à une trentaine de kilomètres. Une fois l'historique du lycée terminé, Monsieur Priot nous a expliqué d'où provenaient les différences entre les maisons et immeubles du quartier. Nous pensions qu'elles témoignaient de la diversité des classes sociales habitant le quartier. En effet, cela remonte au 19ème siècle. Il y avait alors des maisons bourgeoises construites en granit avec des toits en ardoises et de grandes fenêtres. A l'opposé, des maisons populaires bâties avec du torchis (paille mélangée avec de la boue), des toitures en tuiles et de petites fenêtres. En outre, les immeubles récents ont été, pour nombre d'entre eux, construits à la place des anciennes usines de porcelaine. Celles-ci faisaient vivre le quartier et ont fait la réputation de la ville de Limoges. Il reste aujourd’hui, rue François Perrin, un seul bâtiment d’usine qui sert d'entrepôt. L'Église, Sacrée Cœur, que nous croyions ancienne ne date que de 1937. Mais le square des Émailleurs, comme nous l’avions deviné, est bien le quartier de la grande bourgeoisie depuis le 19ème siècle.

 

Le 'pont du bateau et la capitainerie'

 

Monsieur Priot nous a enfin appris que la ville de Limoges s'arrêtait jadis à la frontière de la place des Carmes : c'est le plus vieux carrefour de la ville. Il date de l'époque gallo-romaine. Le jardin d'Orsay, qui jouxte cette place, a été construit sur les ruines d'une arène. C'est un ancien couvent de religieux, appelés « Carmes », qui vivaient de la générosité des passants au 13ème siècle, qui a donné son nom à cette place.

 

Ah les bars étudiants, juste au coin de la rue !!!

 

Le lendemain, mercredi 22 septembre, nous avons concentré notre observation sur le jardin d'Orsay. La population est variée : des personnes âgées s'y promènent, des cyclistes font une halte pour se désaltérer, des enfants se distraient sur des chevaux de bois, de jeunes adolescents gambadent dans l'herbe, des couples s'enlacent sur les bancs publics. Belles images d’un midi ensoleillé et tranquille de début d’automne...

  

 

Et le 'Lavoir' derrière le lycée... Que de secrets abrités...

 

Des lycéens que nous interrogions sur leur choix de venir ici, nous ont répondu : « On kiffe se poser ici entre potes ». Nous ne l’aurions pas dit ainsi, mais c’est vrai que ça nous a plu, à nous aussi, de farnienter au soleil dans ce grand parc calme et convivial, à deux minutes du lycée.

 

 

 

Square des émailleurs

 

Puis, nous sommes rentrés dans l’agence de la Caisse d'Épargne Place des Carmes parce qu’on peut encore y voir des vestiges du couvent : des statues et des récipients de terre cuite. Ce quartier aux alentours du lycée Valadon est fortement doté en banques : il y en a cinq au moins à droite de la place, en descendant vers le tribunal ; et aussi de nombreux petits commerces : petit casino, restaurants, pizzeria, auto écoles, salons de coiffure, boulangeries-pâtisseries, boucheries, traiteurs, fleuristes, cybercafés, photocopies, bars, tabac journaux etc. Le samedi matin, un grand marché draine ici de nombreux habitants de la ville.

 

 

 

 

Lycée TURGOT

 

Ainsi, le quartier que nous appelons « Valadon et ses alentours », bien qu'il vive en partie grâce au lycée, reste très attaché à son passé et à ses traditions. En témoignent les divers types d’habitats et d’architectures, les nombreux commerces ainsi que le marché et les vestiges historiques. Une population très dense et diversifiée se croise donc ici tous les jours pour faire de ce lieu, au bord de l’ancienne ville, un endroit très vivant et riche en surprises.

 

 

 

 

 

Quiosque à musique du Jardin d'Orsay

 

Cette enquête, fort enrichissante, nous a permis de voir le quartier sous d’autres angles et de lever les yeux sur une réalité qui n'est pas toujours évidente : notre lycée n'est pas le centre du monde ! Et la boucle est bouclée...