Atelier Stéréotypes filles/garçons (collège Sadi Carnot, Argenteuil, 2014)

Date : 5 mai 2014

En 2014, les ethnologues de l'association Ethnologues en herbe ont animé un atelier "Stéréotypes filles-garçons" en partenariat avec l'Atelier de Restitution du Patrimoine et de l'Ethnologie du Conseil départemental du Val d'Oise. Sur six séances de deux heures, les intervenant.e.s de l'association ont invité les élèves de la 3°1 du collège Sadi Carnot à Argenteuil à repérer les stéréotypes liés au féminin et masculin dans leur quotidien, leur permettant d'élaborer des trames d'entretien et de mener une enquête de terrain dans leur établissement...

Enquête sur les vêtements dans la cour 

Nous sommes les élèves de 3°1 du collège Sadi Carnot à Argenteuil et au cœur d’une enquête d’ethnologie sur le genre. Nous avons réalisé une enquête sur les vêtements. Pour mener l’enquête, nous somme allés dans la cour du collège et nous avons observé différents élèves sur : leurs types de vêtements, leur style vestimentaire, les couleurs qu’ils portent, leur façon de porter leurs vêtements Nous avons pu constater qu’en général, les filles s’habillent en jeans ou leggings avec une veste légère et des chaussures montantes. On constate aussi que les filles ont des vêtements à motifs tandis que les garçons portent des vêtements unis. Ces derniers ont aussi tendance à s’habiller avec des jeans droits, joggings, baskets, sweats ou tee-shirts. Par ailleurs, notre professeur d’Espagnol a constaté qu’au printemps, les filles portent des vêtements beaucoup plus flashy, ce qui peut d’ailleurs aussi concerner les garçons. Nous pouvons en déduire qu’il existe une réelle différence entre les façons de s’habiller des filles et des garçons. Effectivement, chacun s’habille selon son style, mais le style est déterminé par l’éducation et l’entourage de chaque personne (ami(e)s, proches...). Et chaque personne s’habille différemment selon qu’elle est une fille ou un garçon. Les filles : couleurs ou motifs ; les garçons, pantalon droit et couleurs sombres ou unies.

 

Enquête sur la publicité dans les magazines

Nous sommes Inès, Alexia, Betul et Cynthia, un groupe de la classe de 3ème 1 du Collège Sadi Carnot, à Argenteuil. Nous faisons un atelier avec « Ethnologues en Herbe ». Plus précisément, nous travaillons sur le genre dans les publicités de parfums dans la presse magazine. Pour effectuer cette enquête, nous avons donc regroupé des magazines comportant ce genre de publicités, et sur les treize publicités retenues, nous avons remarqué les points communs : • Dans les publicités où figurent des femmes, celles-ci sont dénudées voire carrément nues, elles sont maquillées, leurs lèvres sont pulpeuses, elles ont un regard de séductrice et des positions sexuelles. • Dans les publicités de parfums pour hommes, les hommes sont bien habillés, le plus souvent en costume cravate, et parfois représentés avec une/plusieurs femme(s) qui leur sont soumise(s). En conclusion, la femme est, de nos jours, utilisée comme un objet de désir. La publicité utilise donc énormément le désir sexuel comme appât. Voilà ce qui explique qu’autour de nous (dans la publicité), on ne voit quasiment que des femmes nues ou provocantes.

 

Enquête sur les téléphones portables au collège

Nous sommes un groupe de sept élèves de 3ème 1 du collège Sadi Carnot à Argenteuil (en Ile-de-France) et nous avons réalisé des enquêtes d’ethnologie sur les accessoires tels que les téléphones et les sacs des collégiens (une enquête a été menée sur chacun de ces types d’accessoires). Comme notre atelier portait sur la thématique du genre, on a voulu comprendre s’il y avait des différences ou pas entre les accessoires des filles et des garçons, et comment cela pouvait s’expliquer. Nous vous présentons ici notre seconde enquête qui portait sur les téléphones. Nous avons comparé tous les téléphones de la classe, ceux des garçons et ceux des filles, et nous avons remarqué que les garçons ont un téléphone noir et que la plupart des filles ont un téléphone blanc avec des coques roses, fantaisie ou colorées, alors que les garçons ont des coques simples, sombres ou pas de coque du tout. Lors d’une autre séance, nous sommes partis interroger par groupe de deux ou trois les autres groupes de la classe sur leur téléphone. La première personne interrogée était Lila, elle nous a dit qu’elle avait deux téléphones, un BlackBerry noir et un Iphone noir qu’elle utilise pour Internet. Malcom a un Sony Ericsson noir. Inès, Betul, Alexia et Miria ont des téléphones blancs. Mais il y a des personnes qui ont aussi des téléphones de dépannage comme Cheyenne et Farah. Pour conclure, nos avons constaté, comme dans le cas de notre enquête sur les sacs, qu’il y a aussi des différences entre les téléphones des filles et entre les téléphones des garçons. Le peu de téléphones noirs des filles sont des téléphones de dépannage, sinon, les filles ont des téléphones blancs.

 

Enquête sur les sacs des collégiens

Nous sommes un groupe de sept élèves de 3ème du collège Sadi Carnot à Argenteuil (en Ile de France) et nous avons réalisé des enquêtes d’ethnologie sur les accessoires tels que les téléphones et les sacs des collégiens (une enquête a été menée sur chacun de ces types d’accessoires). Comme notre atelier portait sur la thématique du genre, on a voulu comprendre s’il y avait des différences ou pas entre les accessoires des filles et des garçons, et comment cela pouvait s’expliquer. Nous vous présentons ici notre première enquête qui portait sur les sacs. Nous sommes partis interroger quelques élèves pendant la récréation du lundi matin. On a pu leur demander comment ils avaient choisi leur sac, de nous les décrire, de nous dire quel(s) élément(s) les ont pousser à choisir ce sac et pas un autre. Nous avons interrogé deux filles et deux garçons. Nous avons pu constater en regardant les personnes que selon leur âge et leur sexe, chacun prend un sac qui lui ressemble. Par exemple, les jeunes filles ont des sacs avec des motifs ou des strass et les jeunes garçons, des sacs avec des personnages de dessins animés. Par contre, les plus grands (filles ou garçons) choisissent des sacs plutôt sombres ou de couleur unie. Les réponses que nous avons recueillies sont pratiquement toutes les mêmes. Je préfère avoir un sac de marque, voici ce qu’ont répondu les deux garçons interrogés. Les filles disent qu’elles veulent un sac qui reflète leur personnalité. Durant cette enquête sur les sacs, lors d’une autre séance, nous avons regroupé tous les sacs de filles de notre classe contre un mur pour voir s’ils avaient des caractéristiques communes et pour les comparer à ceux des garçons, posés contre un autre mur. Concernant les sacs des filles, nous avons constaté qu’ils avaient tous plus ou moins la même forme et étaient munis d’anses ou d’une bandoulière, à l’exception d’un sac à dos (sur près d’une vingtaine de sacs). Ils étaient souvent unis, mais avec des petits gadgets ou accessoires qui les habillaient, qui les rendaient particuliers, comme des petits clous ou autre. Par ailleurs, nous avons remarqué deux sacs avec le même motif, celui d’une tête de mort. Par la suite, nous avons réalisé deux petites interviews. La première était sur le sac à dos. Une personne du groupe est parti interrogé Marie-Rose, propriétaire de ce sac à dos. Elle lui a posé des questions par rapport à son sac, car c’est la seule à posséder un sac à dos parmi toutes les filles. Elle a tout d’abord décrit son sac: c’est un sac gris de marque “Eastpak” et c’est un sac mixte car il y a aussi un garçon de la classe qui a le même. Elle a choisi ce sac car l’année dernière, elle avait choisi un sac à main, mais c’était douloureux pour son épaule. En conclusion, Marie-Rose a choisi ce sac par précaution. La deuxième interview était avec Julie et Cynthia; elles ont des sacs avec des têtes de mort. Une autre personne du groupe est partie les questionner sur leur sac. Elles ont choisi ces sacs avec ces têtes de mort car c’est à la mode. Le sac de Cynthia est gris très claire avec une tête de mort en strass et c’est un sac à main. Celui de Julie est noir avec une tête de mort en velours noir et c’est un sac en bandoulière. En conclusion, leur choix ont dépendu de la “tendance”. Le bilan final de cette enquête est que chacun a sa personnalité, chacun a ses goûts qu’on retrouve dans le choix des accessoires comme les sacs. Les filles ne prennent donc pas que des choses roses et les garçons ne prennent pas que des choses bleues, mais il y a quand même des différences nettes puisque la plupart des filles choisissent des sacs de type “sac à main” de femmes alors que leurs sacs de collège sont très lourds et que les anses ou bandoulières leur font mal aux épaules (contrairement au sac à dos, plus confortable, mais qui est choisi systématiquement par les garçons, et très rarement par les filles). Et du côté des garçons, on a l’impression qu’ils choisissent tous la même marque de sac à dos, comme s’il n’y avait que cette marque qui vaille, celle qui a la cote.

 

Enquête sur les tâches ménagères

Nous sommes des élèves de 3ème du collège Sadi Carnot d’ Argenteuil. Dans le cadre d’un atelier d’ethnologie sur le genre, nous avons travaillé sur les tâches ménagères. Nous avons interrogé deux adultes de l’établissement, « Madame X », « dame de service », et Daniel, agent d’entretien. Nous leur avons posé des questions sur les tâches ménagères : « Aimez-vous votre métier ? Pensez-vous que ce métier soit spécifiquement masculin ou féminin ? Comment ça se passe chez vous du point de vue des tâches ménagères ? » ; etc. « Madame X » nous a tout d’abord expliqué que « tout le monde participait aux tâches ménagères chez elle. Son mari et ses fils participent autant qu’elle. Mais elle nous explique que durant sa jeunesse, c’était mal vu qu’un homme fasse le ménage et que les hommes étaient assignés à « des travaux plus masculins », dit-elle. En allant plus loin dans l’interview, en l’interrogeant précisément sur les horaires et les tâches effectués, on a finalement compris qu’elle faisait tout de même une ou deux heures de ménage de plus qu’eux chaque jour, et que les tâches considérées comme « ingrates » (les WC, notamment, ou bien le repassage, qu’ « ils ne font pas bien »...) étaient exclusivement faites par elle. On a donc compris qu’entre ce qu’elle donnait spontanément comme image de ce qui se passait chez elle (au début de l’entretien) et les pratiques plus objectives, il y avait un certain écart. On peut se demander si ce genre d’écart n’est pas courant, si les femmes n’ont pas tendance à croire en une certaine répartition des tâches, qui n’est pas toujours aussi effective que cela dans la réalité. De son côté, Daniel (en photo ci-contre) nous dit qu’il « aime bien [son] métier », qu’il considère comme étant mixte. Chez lui, il fait la plupart des tâches ménagères étant donné qu’il habite avec sa mère, qui est âgée. Nous avons aussi interrogé nos familles respectives, et nous en avons tiré les mêmes conclusions. Certains prônent l’égalité et la répartition des tâches ménagères, mais dans le fond, les tâches ménagères comme le balai, la serpillière, la poussière, etc., sont majoritairement faites par les filles ou les femmes de la maison. En fait, on se rend compte que ces dernières ont été élevées dans l’idéologie que le ménage était typiquement féminin. Au terme de cette enquête, nous avons conclu que malgré une certaine répartition des tâches ménagères entre hommes et femmes, le plus souvent, la plupart des tâches étaient tout de même faites par des femmes, sans qu’elles ne s’en aperçoivent toujours.