Exposition « Des métiers bons pour elles? » de l’ARPE (Conseil départemental du Val-d’Oise)
Depuis 2006, en partenariat avec le Conseil départemental du Val-d’Oise et l’Atelier de Restitution du Patrimoine et de l’Ethnologie (ARPE), et s’associant à l’exposition itinérante « Images d’elles: Des métiers bons pour elles ? », l’association Ethnologues en herbe anime des ateliers sur les stéréotypes filles/garçons dans les collège du département pour susciter le questionnement des collégiens sur les représentations et pratiques du féminin et du masculin dans la société actuelle.
Pour accompagner cette réflexion sur le féminin/masculin, nous vous proposons des ressources issues des collections de l’Atelier de Restitution du Patrimoine et de l’Ethnologie.
Féminin/Masculin et culture
Bleu et rose, couleurs d’enfance
Née fille, on l’habille de rose. Né garçon, c’est le bleu qui lui va le mieux. Cette habitude est répandue dans une large partie de l’Europe et de l’Occident. En revanche, elle est inconnue des autres cultures.
{Coll. ARPE © Conseil départemental du Val d’Oise.}
Le sexe des jouets
Ces jeux et jouets sont choisis pour illustrer la question du genre. La question posée est la suivante : {pourquoi les petites filles continuent-elles à jouer à la poupée et les garçons aux petites voitures ? }
Il n’y a aucune explication biologique à cet état des choses. Les ‘études de genre’ ({gender studies}) montrent depuis les années 70 l’importance de l’apprentissage, des codes culturels et de l’imprégantion idéologique dans l’adoption des comportements de genre.
Jeux, habits, décoration de leur chambre : les bébés évoluent très tôt dans des environnements différenciés. Résultat : quand, à la crèche, plusieurs types de jouets sont présentés, les filles âgées de 24 mois choisissent de préférence les jouets dits ‘féminins’ et les garçons, ceux dits ‘masculins’.
Une fois en âge de définir leur identité sexuée, les enfants, la plupart du temps, accentuent encore cette différence. Le milieu familial ainsi que le milieu scolaire y sont pour beaucoup.
{Ethnodoc inspiré de l’article de Catherine Vincent ‘Poupées roses, voitures bleues’, Le Monde, 9 août 2009}
Ces documents proviennent de l’Atelier de Restitution du Patrimoine et de l’Ethnologie (ARPE), Cergy-Pontoise, Val d’Oise.
{Coll. ARPE © Conseil départemental du Val d’Oise.}
Représentations du mariage
Les magazines, la publicité, les médias en général représentent le mariage à travers une série de clichés. Par exemple, le magazine ‘Nous Deux’ intitule un de ses romans photos : ‘La bague au doigt’.
Ces documents proviennent de l’Atelier de Restitution du Patrimoine et de l’Ethnologie (ARPE), Cergy-Pontoise, Val d’Oise.
{Coll. ARPE © Conseil départemental du Val d’Oise.}
Mariages, photos, etc.
Tout mariage comporte diverses étapes : de l’enterrement de la vie de garçon (pourquoi pas celui de jeune fille ? A examiner…) à la préparation de la ‘liste de mariage’ (cadeaux nécessaires à l’installation du couple), du menu des noces (y compris la fameuse ‘pièce montée’ à l’effigie des époux), à l’achat des robes et costumes des mariés, de l’alliance, à la préparation de la coiffure, etc. Tout un cérémonial qui se clôt par la séance de photos ou vidéos souvenirs.
Ces documents proviennent de l’Atelier de Restitution du Patrimoine et de l’Ethnologie (ARPE), Cergy-Pontoise, Val d’Oise.
<small>{Coll. ARPE © Conseil général du Val d’Oise. Voir également l’ouvrage « Mariage, images, une photo de famille », réalisé par l’ARPE et publié par le Conseil général du Val d’Oise en 1996.}</small>
Ces documents sur le mariage illustrent la question du genre que les apprentis ethnographes étudient dans divers pays.
Le corps dans la publicité
Impudique, affriolante, belle, provocante : l’image de la femme nue ou très peu vêtue telle qu’elle se donne à voir dans de très nombreuses publicités comme ici pour des sous-vêtements, reflète encore et toujours la femme objet.
Au-delà de ce constat, les photos de Jean-Yves Lacôte réalisées à Cergy-Pontoise pour le Conseil général du Val d’Oise, interroge la réception de ces panneaux publicitaires dans un environnement urbain multiculturel où le rapport à la nudité et à la pudeur varie fortement.
Ces documents proviennent de l’Atelier de Restitution du Patrimoine et de l’Ethnologie (ARPE), Cergy-Pontoise, Val d’Oise.
{Coll. ARPE © Conseil départemental du Val d’Oise.}
Représentations du féminin/masculin au foyer
Extraits de manuels pédagogiques ou de magazines féminins, ces documents offrent des représentations illustrées ou photographiques des rôles traditionnellement tenus au sein des foyers. De l’homme assis sur le canapé à lire son journal, ou les pieds sous la table à attendre le repas, à la femme parfaite ménagère, cuisinière ou maîtresse de maison ; les stéréotypes des rôles attribués aux genres au sein du foyer sont synthétisés ici, et on remarque l’utilisation de ces images d’épinal dans la publicité de l’époque.
Ces documents proviennent de l’Atelier de Restitution du Patrimoine et de l’Ethnologie (ARPE), Cergy-Pontoise, Val d’Oise.
{Coll. ARPE © Conseil départemental du Val d’Oise.}
Féminin/Masculin, en quelques mots
Féminisme, un mot pour le petit Abécédaire du féminin/masculin
Ensemble d’idées politiques, philosophiques et sociales cherchant à promouvoir les droits des femmes et leurs intérêts dans la société civile. La pensée féministe vise en particulier l’amélioration du statut des femmes dans les sociétés où le féminisme considère que la tradition établit des inégalités fondées sur le sexe. Le féminisme travaille à construire de nouveaux rapports sociaux et développe des outils propres à la défense des droits des femmes et de leurs acquis. Ce mouvement est soutenu par diverses théories sociologiques et philosophiques.
Le terme « féminisme » est né en 1874. Mais c’est au cours de la révolution française que naît le mouvement de revendication qu’il désigne, de nombreuses femmes prenant alors part aux actions et aux débats révolutionnaires, et des hommes et des femmes réclamant l’égalité entre les sexes du statut politique et social.
Partisanes du féminisme, les féministes cherchent à faire progresser les femmes dans leurs contextes sociaux, politiques et économiques, et font avancer la cause des femmes en les aidant à se structurer en tant que personnes autonomes, capables de gérer leur propre corps et, de façon plus générale, toutes les dimensions de leur vie.
{Source : Petit Larousse Illustré et Wikipedia}
{Coll. ARPE © Conseil départemental du Val d’Oise.}
Féminité, un mot pour le petit Abécédaire du féminin/masculin
Féminité: Ensemble des caractères propres à la femme ou jugés tels. (Petit Larousse Illustré)
C’est la petite sirène Evila, œuvre du sculpteur belge Marie-Josée Aerts (1990), photographiée par Jean-Yves Lacôte, et que l’on retrouve près du pont du Cabouillet, à l’Isle-Adam, dans le Val d’Oise (95).
{Coll. ARPE © Conseil départemental du Val d’Oise.}
Machisme, un mot pour le petit Abécédaire du féminin/masculin
Idéologie et comportement fondés sur l’idée que l’homme doit dominer la femme et qu’il faut, en tout, faire primer de supposées vertus viriles.
Le macho ou machiste est celui qui fait preuve de machisme ; on dit aussi phallocrate.
Masculinité, un mot pour le petit Abécédaire du féminin/masculin
Ensemble des traits physiques et psychologiques caractérisant le sexe masculin. Ce terme est synonyme de virilité.
Source : Wikipedia
Photo: Publicité masculine photographiée par Jean-Yves Lacôte à Cergy Pontoise pour l’ARPE
<small>{Coll. ARPE © Conseil général du Val d’Oise.}</small>
Sexisme, un mot pour le petit Abécédaire du féminin/masculin
Attitude discriminatoire fondée sur le sexe, le sexisme désigne l’idée selon laquelle les caractéristiques différentes des deux genres masculin et féminin impliquent une répartition des rôles dans la société, la famille ou l’entreprise en fonction de ce genre.
Ainsi des professions seraient réservées aux hommes, d’autres aux femmes, et dans la famille des tâches ménagères ou parentales devraient aussi être sexuées.
Le sexisme désigne aussi des discriminations (liées à l’idée précédente) visant à interdire ou promouvoir (discriminations ‘positives’) l’accès à certains sexes de certaines tâches.
Source : Petit Larousse Illustré
Ces documents proviennent de l’Atelier de Restitution du Patrimoine et de l’Ethnologie (ARPE), Cergy-Pontoise, Val d’Oise.
{Coll. ARPE © Conseil départemental du Val d’Oise.}
Féminin/Masculin dans l’éducation
École mixte
Ces documents nous permettent d’illustrer la section sur le genre à l’école, en montrant des écoles mixtes, après les années 60.
Ces documents proviennent de l’Atelier de Restitution du Patrimoine et de l’Ethnologie (ARPE), Cergy-Pontoise, Val d’Oise.
<small>{Coll. ARPE © Conseil général du Val d’Oise.}</small> <br>
Internet : http://picasaweb.google.com/nicosch…
École de filles
Ces documents nous permettent d’illustrer la section sur le genre à l’école, en montrant des écoles communales de filles, à l’époque où celles-ci étaient séparées des garçons dans les établissements scolaires.
École de garçons
Ces documents nous permettent d’illustrer la section sur le genre à l’école, en montrant des écoles communales de garçons, à l’époque où ceux-ci étaient séparés des filles dans les établissements scolaires.
Féminin/Masculin dans l’univers professionnel
Métiers d’hommes, le forgeron et le maçon
Ces chromos illustrent des métiers a priori ‘masculins’ de maçon et de forgeron. Mais pourquoi sont-ils masculins ?
Métiers masculins du siècle dernier
Enseignants, employés des transports en commun, pompiers, autant de métiers jadis exclusivement réservés aux hommes.
Des métiers d’hommes au siècle dernier
Ces photos et cartes postales illustrent des métiers jadis réservés aux hommes : maître plâtrier, cueilleur d’artichauts, agriculteur, etc.
Métiers de femmes au début du XXème siècle
Extraits de la collection de l’Atelier de Restitution du Patrimoine et de l’Ethnologie (ARPE, Conseil Général du Val d’Oise), ces ethnodocs illustrent des métiers féminins dans la région du Val d’Oise au début du 20ème siècle.
Lavandières, cueilleuses de petits pois ou préposées au repiquage des légumes dans une ferme, autant de ‘tâches’ dont se chargeaient les femmes. Longtemps, afin de valoriser la condition de mère, la société a eu tendance à masquer le travail des femmes et à le considérer comme secondaire.
C’est pendant la Première Guerre mondiale que, pour soutenir le moral de la nation, la propagande gouvernementale affichera pour la première fois l’entrée des femmes dans les usines d’armements.
Des métiers d’hommes au XXème siècle : juge et mécano
Groupe de juges posant sur le perron d’un tribunal du Val d’Oise ou groupe de mécanos dans la même région au début du XXème siècle : pas une femme à l’horizon !
Des métiers d’hommes (1)
Ces photos montrent des métiers fortement ‘masculins’ et viennent illustrer l’exposition sur le genre, dans la partie sur le genre au travail.
Des métiers d’hommes (2)
Ces photos montrent des métiers fortement ‘masculins’ et viennent illustrer l’exposition sur le genre, dans la partie sur le genre au travail. On peut ainsi voir se cotoyer des métiers ‘anciens’ et ‘modernes’ et les vêtements qui leur sont associés.
Premiers métiers féminins d’après-guerre
Malgré les politiques natalistes d’après guerre qui vantent le modèle de la femme au foyer, le taux d’activité féminin s’accroît peu à peu.
Les femmes profitent du développement du secteur tertiaire pour investir de nouveaux emplois : dactylographes, secrétaires, téléphonistes…
Métier ’sans’ ou ’cent ’ ?
Ces entretiens avec des femmes au foyer ont été réalisés dans le cadre de l’exposition ‘Des métiers bons pour elles’ organisée par l’ARPE du Conseil Général du Val d’Oise en 2006.
‘Le plus beau métier du monde’
‘{Moi, depuis toujours, je voulais faire femme au foyer. Pour m’occuper de ma famille. Je me dis souvent que j’aurais dû naître dans les années 50 ! Personnellement, c’est quelque chose dont je suis fière. C’est le plus beau métier du monde. Mais j’ai fait comprendre à mon mari que je suis femme au foyer parce que je l’ai choisi. Je ne suis pas la bonne. Très souvent, il y a des choses que je laisse exprès pour qu’il s’en occupe lui-même. Parce que c’est vrai, dans la mentalité africaine, c’est la maman qui a tendance à tout faire. Moi, je le fais parce que j’ai envie’.}
Manjou, 37 ans, deux enfants
‘Profession : élève ses enfants’
{‘Je me suis arrêtée pour ma fille. Je n’avais pas un gros salaire. La nourrice, les transports… tout ça cumulé, ça revenait moins cher de m’arrêter que de continuer. Mais ce statut de femme au foyer rend complètement dépendante. (…) Les femmes au foyer, on est dévalorisées. Je trouve que c’est négatif de marquer sur les papiers ‘sans profession’. Une fois, j’étais révoltée et j’ai mis : ‘Elève ses enfants’. C’est dur de ne pas être reconnue…ne plus avoir de statut, ne plus exister. Enfin si, exister en tant que mère, mais plus en tant qu’individu dans la société’},
Anne, 46 ans, deux enfants
Assistante maternelle, Nounou
Autrefois les nourrices permettaient aux mères de s’affranchir des dépendances matérielles et sociales de l’allaitement.
Aujourd’hui, les « nounous » ont un véritable statut professionnel et ne se contentent plus de nourrir et de garder. Elles jouent un rôle dans l’éducation et l’éveil de l’enfant et assurent un relais affectif. Se substituant au « rôle de mère » sans la remplacer, elles recréent un climat familial en se faisant appeler « tata ».
Extraits d’entretiens réalisés dans le cadre de l’exposition ‘Des métiers bons pour elles’, ARPE du Conseil départemental du Val d’Oise :
« Les parents ne se rendent pas compte que l’assistante maternelle a le droit aussi à une vie de famille. Il faudrait toujours être à leur disposition ».
« J’étais comme une seconde maman, d’ailleurs les enfants c’est comme ça qui m’appelaient, ils me disaient tous ‘Tata’ ».
« L’idée des gens est qu’assistante maternelle, c’est pas faire grand chose… C’est être payé à rester chez soi… »
« Les hommes auraient peut-être pas autant de patience que nous, les mamans, peut-être aussi car il en faut beaucoup du calme, de la patience. Tout père peut aimer ses enfants mais je crois que la maman, elle a quelque chose en plus…de plus maternel…la compréhension. Et puis c’est nous qui portons les enfants, il faut dire que de ce côté là nous avons une chose qu’eux n’ont pas… malgré tout l’amour qu’ils peuvent apporter… il y a un « petit plus » quand même ».
Nadine, née en 1961, Assistante maternelle depuis 1997
{Coll. ARPE © Conseil départemental du Val d’Oise.}
Assistante sociale
A la fin du 19ème siècle, la République laïque professionnalise les activités de soin auparavant dévolues aux religieuses. Les techniques nouvelles d’asepsie obligent les médecins à déléguer des tâches à un personnel subalterne qu’ils doivent former.
Obéissantes et douées de qualités de cœur, les femmes sont désignées pour ces fonctions. Autour d’activités ménagères transfigurées par l’hygiène, se fabrique le modèle de l’infirmière idéale, assimilée à une religieuse laïque. Héritière de la dame d’œuvres, l’assistante sociale est d’abord appelée infirmière visiteuse ou visiteuse d’hygiène.
Entre les deux guerres, c’est la figure de proue de la croisade sanitaire menée par les pouvoirs publics contre les fléaux sociaux : tuberculose, maladies vénériennes, mortalité infantile. En tant que femme, elle entre dans l’intimité des familles, conseille les mères et protège les enfants. Comme l’infirmière, elle hérite d’une image de bénévole et peine à être reconnue en tant que professionnelle rémunérée.
Progressivement, la dimension sociale supplante la dimension médicale de ses activités. Le métier d’assistante sociale est considéré comme un métier de femme, car en matière de représentations sociales, ce qui touche à la famille est du ressort des femmes et destiné à un public composé majoritairement de femmes.
Extraits d’entretien :
« {Assistante sociale, c’est un métier de femme parce que c’est lié à la famille c’est toujours les femmes qui vont voir l’assistante sociale parce que c’es toujours le même cliché : la femme protège la famille ».
« Au départ, l’assistante sociale, elle était infirmière, donc c’était une femme qui soignait. Et puis c’est elle qui place les enfants, et les enfants c’est les femmes ; la famille c’est les femmes en règle générale. Parce que la femme, c’est elle qui protège la famille ! C’est toujours le même cliché : la femme c’est la famille ; il faut que les enfants aient à manger, qu’ils aient chauds. Les hommes, eux, sont là pour travailler, même si maintenant il y a beaucoup de femmes qui travaillent. Ce sont les clichés, l’homme reste quand même le chef de famille. Mes enfants, ils me faisaient rire quand ils étaient plus petits, parce que à la question : « alors qu’est ce qui commande ? Qui est le chef à la maison ? », ils disaient : c’est papa qui est le chef, mais c’est maman qui commande !
Caissière ou hôtesse de caisse
Ces portaits et informations sur le métier de caissière, souvent dit ‘ métier féminin’ proviennent de l’exposition ‘Des métiers bons pour elles’ réalisée par l’ARPE, Conseil général du Val d’Oise, en 2006.
Les doigts chauffent ! Avant la Seconde Guerre mondiale, seul l’homme manipule l’argent dans les grands magasins.
Lorsque la machine mécanise le métier de caissier, la femme le remplace. Depuis, ces emplois font appel à des qualités féminines : amabilité, sens de l’accueil, rapidité des saisies, endurance de la position assise, tolérance à la flexibilité des horaires, bas salaires, et une bonne dose de patience…
Elles sont les premières interlocutrices des râleurs, des impatients et des mauvais payeurs !
Ces portaits et informations sur le métier de caissière, souvent dit ‘ métier féminin’ proviennent de l’exposition ‘Des métiers bons pour elles’ réalisée par l’ARPE, Conseil départemental du Val d’Oise, en 2006.
{Coll. ARPE © Conseil départemental du Val d’Oise.}
Dactylo, secrétaire, assistante de gestion
Subordonnée idéale, « vraie femme » assurant le service du café et recevant les confidences, la secrétaire particulière vit dans la dépendance et l’ombre de son patron.
Cette subordination en douceur fait du métier de secrétaire un métier féminin exemplaire. Prolongement d’un outil emblématique, la machine à écrire, la secrétaire particulière se doit d’être transparente et disponible. Au masculin, le mot valorise : secrétaire d’Etat.
Au féminin, c’est une employée qui travaille pour des cadres. Aujourd’hui, l’appellation a changé : assistante de gestion. Les compétences se sont renforcées, mais la soumission aux cadres reste semblable.
{{Pianoter en cadence }}
En 1874, Remington met au point l’écriture mécanique, plus rapide que celle des copistes. D’abord associée à la science mystérieuse du codage, la sténographie est un métier d’homme. Puis la rapidité et la répétitivité deviennent déterminantes. Le métier de « dactylo » se conjugue alors au féminin.
A l’école des dactylos, on apprend à domestiquer son corps et à aller vite : coordination des yeux et des mains, usage des dix doigts, position du corps…
Les doigts de la jeune fille sont susceptibles d’une agilité qui jusque là n’avait guère brillé que sur le piano ; cette agilité peut se déployer désormais sur des claviers plus utilitaires. (1905, cité par Gardey, 1999)
Le travail est dominé par le rendement, l’organisation, la rationalisation. En 1930, une faute de frappe ou un mot oublié est taxé de 10 centimes d’amende ; une faute d’orthographe, de 25 centimes ; et un non sens, de 2 francs.
{Coll. ARPE © Conseil départemental du Val d’Oise.}
Femme ingénieure
Ingénieurs, pilotes, médecins, avocates, camionneurs : autant de professions traditionnellement exercées par les hommes, et récemment investies par les femmes.
Depuis la fin du XIXe siècle, les écoles d’ingénieurs créées en France au fil des avancées scientifiques et techniques – chimie, électricité, aéronautique, électronique, etc. – affichent l’ouverture aux femmes, mais de nombreux verrous ont été maintenus jusqu’aux années 70.
Ainsi, c’est seulement en 1959 qu’une étudiante rentre à l’Ecole nationale des Ponts et chaussées dans la section « ingénieurs civils » théoriquement ouverte aux femmes depuis 1942. Il faudra attendre 1975 pour qu’une femme accède au diplôme d’ingénieur d’Etat du Corps des Pont et Chaussées.
On peut s’étonner parallèlement que l’Ecole polytechnique féminine, créée en 1933, compte deux tiers d’élèves masculins quelques années après l’institution de la mixité dans cet établissement (1994).
Extrait d’entretien :
« En prépa, j’avais un professeur de physique-chimie qui était une femme et ça m’a confortée parce que c’était une femme qui avait fait Normal sup’ et donc de très grande capacité intellectuelle. Elle disait aux filles de la classe : « Il n’y a pas de raison ! On peut faire ce qu’on veut. Moi j’ai 3 enfants et on gère tout ça, y’a pas de problème ! ». Elle nous a montré, par l’exemple de sa vie de tous les jours, que finalement on pouvait avoir aussi une vie de famille.
Quand j’étais stagiaire sur les chantiers, on disait souvent : « Vous serez gentils avec elle » ou alors « Faut pas l’embêter ». On n’a jamais osé me donner des « travaux » à faire. Tout le monde faisait attention. Le langage était beaucoup plus posé, les gens s’insultaient moins. Le chef de chantier me disait : « Ah ben tiens ! C’est une bonne chose que tu sois là ! ».
Ce qui fait aussi que je n’aurais jamais lâché mon métier, c’est que je considère que les femmes qui ne travaillent pas prennent un très gros risque : il peut survenir n’importe quoi dans la vie ! Moi je sais que quoiqu’il se passe : que mon mari me quitte, qu’il meure ou ait un accident ; je suis capable d’assumer mes enfants, et moi même. L’idée d’autonomie, je pense que ça a été aussi un moteur dans mes études.
J’ai pris des congés pour mes grossesses , juste le temps légal– mais ces deux ans là m’ont coûté cher. Au moment des évaluations, avant la naissance c’était : « Ah oui mais tu es enceinte.. . alors on ne pourra rien faire de toi pendant un moment » et au retour c’est : « Ah oui mais tu n’as rien fait pendant 6 mois… ». Et ainsi tu perds deux ans. Ayant eu deux enfants, j’ai perdu deux fois deux ans, soit 4 ans, et ça on a du mal à le rattraper !’
Viviane – 40 ans – Ingénieur de l’Ecole spéciale des travaux publics de Cachan. Ingénieur responsable de projets dans une grande entreprise du BTP.
{Coll. ARPE © Conseil départemental du Val d’Oise.}
Femme de ménage ou technicienne d’entretien
Ces portaits et informations sur le métier de femme de ménage, souvent dit ‘ métier féminin’ proviennent de l’exposition ‘Des métiers bons pour elles’ réalisée par l’ARPE, Conseil général du Val d’Oise, en 2006.
Ce portait et ces informations sur les femmes de ménage proviennent de l’exposition ‘Des métiers bons pour elles’ réalisée par l’ARPE, département du Val d’Oise.
La femme de ménage, qui prend en charge la saleté des autres, exerce un emploi déconsidéré.
On retrouve dans cette profession beaucoup de femmes qui ont du mal a trouver un emploi, parce qu’elles sont non qualifiées et qu’elles maîtrisent mal la langue.
En 2002, 74,2% des agents d’entretien et 97,9 % des employés de maison sont des femmes. Le travail de femme de ménage est ‘par nature’, un emploi à temps partiel, le temps plein étant inaccessible. Avec le développement du tertiaire, elles sont nombreuses à passer du monde domestique à celui de l’entreprise. Ces métiers de l’entretien industriel, de plus en plus techniques, regroupés sous l’appellation plus valorisante ‘d’agent de propreté et d’hygiène’, sont désormais ouverts aux hommes. Les particuliers, quant à eux, restent fidèles à leur « femme » de ménage.
Extraits d’entretien :
« Je travaille en usine et je fais des ménages le soir, je fais les deux en même temps, je voyais bien qu’on n’y arrivait pas et plutôt que de s’enfoncer plus…C’est un métier qui est honnête, pour les gens qui le font c’est bien, mais moi j’aime pas qu’on me dise ‘femme de ménage’, quand quelqu’un dit « vous avez pas vu la femme de ménage ? » Moi je dis ‘je suis pas femme de ménage, je suis technicienne d’entretien’. Je suis pas la Conchita, et en plus je suis portugaise, les gens ils auraient tendance à dire « voilà la Conchita ! Non ! je suis pas là pour ça, je suis pas balayeur, je suis là pour entretenir les locaux. Ici on me donne pas d’ordre, je sais ce que j’ai à faire. Même si je fais moins d’heures, c’est que j’ai bossé plus vite, c’est mon problème, c’est moi qui me suis crevée à astiquer plus vite …du moment que le travail est fait, c’est propre c’est correct.’
Maria Josée, technicienne d’entretien, née en 1959
Ce portait et ces informations sur les femmes de ménage proviennent de l’exposition ‘Des métiers bons pour elles’ réalisée par l’ARPE, département du Val d’Oise.
{Coll. ARPE © Conseil départemental du Val d’Oise.}
Hôtesse de l’air
Ces portaits et informations sur le métier d’hôtesse de l’air, souvent dit ‘ métier féminin’ proviennent de l’exposition ‘Des métiers bons pour elles’ réalisée par l’ARPE, Conseil général du Val d’Oise, en 2006.
Toute ma vie, j’ai rêvé d’être une hôtesse de l’air, Toute ma vie, j’ai rêvé d’avoir les jambes en haut Toute ma vie, j’ai rêvé d’avoir les jambes en l’air…
Jacques Dutronc.
Aux temps héroïques des premiers voyages aériens, inconfortables et risqués, l’hôtesse de l’air – souvent ancienne convoyeuse chargée du soin des malades – rassure et soigne ses passagers, telle l’infirmière.
Elle évolue dans un monde masculin, parmi pilotes, radios, techniciens, tandis que le steward demeure cantonné dans le galley –cuisine de bord-. Avec le développement des transports aériens et pour une clientèle de luxe, son rôle s’oriente vers celui de maîtresse de maison.
Extrait d’entretien : ‘Beaucoup de gens pensent qu’il suffit d’être mignonne et servir à boire ! Pourtant, on a des stages sûreté et sécurité avec une formation d’urgence en secourisme. On a un peu tous les rôles : pompier, assistante sociale, et psychologue parfois.’
« Les compagnies aériennes ont mis des femmes à bord parce qu’en présentant une femme – dont on disait, surtout à l’époque, « ce sexe faible … ce pauvre petit être fragile qu’on met dans un avion » – ça prouvait que l’avion était totalement sûr. Cela signifiait : « l’avion, il est pour vous aussi, puisque un petit être dit « faible » peut être dans un avion et travailler dans un avion ». Bon, c’est très grossier mais c’est ça ».
Marie-Hélène, hôtesse, née vers 1930.
Le personnage de Natacha, féministe célibataire et sexy, créé par François Walthéry, paraît pour la première fois dans le journal Spirou du 26 février 1970. L’héroïne de bande dessinée y figure dans l’exercice de son métier d’hôtesse de l’air dont l’image renvoie aux temps pionniers de l’aviation et à une modernité surpuissante qui défie le temps et l’espace.
Publicités, chansons, cinéma, bandes dessinées et romans reprennent abondamment l’image tandis que le steward, lui, ne fait guère rêver…
Ces portaits et informations sur le métier d’hôtesse de l’air, souvent dit ‘ métier féminin’ proviennent de l’exposition ‘Des métiers bons pour elles’ réalisée par l’ARPE, Conseil général du Val d’Oise, en 2006.
Infirmière
Ces portaits et informations sur le métier d’infirmière, souvent dit ‘ métier féminin’ proviennent de l’exposition ‘Des métiers bons pour elles’ réalisée par l’ARPE, Conseil général du Val d’Oise, en 2006.
Le métier d’infirmière, tout comme celui de secrétaire, s’est longtemps inscrit dans un rapport d’allégeance au supérieur homme : le médecin
Cette profession est, dès ses débuts, étroitement réglementée par un pouvoir médical paternaliste et omniscient qui impose obéissance et discipline. Les tâches ne sont déléguées qu’avec parcimonie.
Extrait d’entretien :
« Moi, en tant que panseuse-infirmière de salle d’opération, j’étais à la disposition du chirurgien 24 heures sur 24. On l’appelait patron ou alors monsieur. Il était autoritaire, mais il pouvait se permettre ça ».
Ces portaits et informations sur le métier d’infirmière, souvent dit ‘ métier féminin’ proviennent de l’exposition ‘Des métiers bons pour elles’ réalisée par l’ARPE, Conseil général du Val d’Oise, en 2006.
Ouvrière
Les femmes ont longtemps constitué une main d’œuvre abondante, malléable et peu payée pour des secteurs industriels variés : couture, mécanique de précision, tissage, etc..
L’apprentissage, qui se fait sur le tas, renvoie essentiellement à des capacités féminines : rapidité, habileté, minutie des « petites mains ». Ces qualités sont considérées comme innées et ne sont pas toujours reconnues professionnellement.
Pour les femmes ouvrières, la division technique et sociale du travail est calquée très étroitement sur la division sexuelle. Si les femmes ouvrières sont OS ou manœuvres, ce n’est pas en raison de leur sous-formation par l’appareil scolaire mais parce qu’elles sont bien formées par l’ensemble du travail domestique.
Les qualités qui leur sont demandées : dextérité, minutie, rapidité… sont considérées comme innée et non acquises, faits de nature et non de culture. Comme telles, elles ne sont pas reconnues professionnellement. Les ouvrières ont tendance à intérioriser cette banalisation de leur qualification et la dévalorisation de leur travail.
{Coll. ARPE © Conseil départemental du Val d’Oise.}
Vêtement de travail : blouse, uniforme, etc.
L’uniforme est un élément de représentation d’un métier. Imposé ou recommandé, il rend visible une activité. Il témoigne de qualités professionnelles attendues.
Ainsi le costume imposé des premières infirmières laïques reprend celui de la religieuse, avec voile et robe longue. Puis, pour des raisons sanitaires et pratiques, il se simplifie et se modernise.
Uniforme imposé également : celui de l’hôtesse de l’air. A l’origine d’inspiration militaire, il est redessiné par de grands couturiers pour symboliser l’élégance et le raffinement à la française. Il renforce l’image « glamour » de l’hôtesse et fait de celle qui le porte l’image de marque d’une compagnie aérienne.
Derrière l’apparence obligée de la secrétaire en chemisier et tailleur, se profilent les qualités requises de charme, de discrétion et d’excellente présentation.
Quant à l’assistante sociale, son uniforme s’assimile d’abord à celui de l’infirmière, avec manteau ou cape et chapeau sombre. Il disparaît par la suite, brouillant l’image de la professionnelle reconnaissable seulement par sa voiture administrative.
Quant à la blouse, si elle se révèle indispensable pour se protéger de la saleté des autres, son statut est ambigu chez les aides à domicile, les assistantes maternelles, métiers où les femmes se chargent des soins du corps, des salissures intimes, du nourrisson au vieillard. Dans certains cas, ne pas la mettre permet de sortir de l’image du milieu médical et de créer une relation de confiance avec le « client », de trouver sa place dans son quotidien et dans son cœur.
Les femmes de ménage, qui choisissent d’exercer dans un milieu neutre (entreprises, locaux industriels…), portent la blouse dans tous les cas. Dans ces lieux, leur fonction est identifiable grâce à ce vêtement.
Pourtant celles qui le portent peuvent souffrir de l’absence de regard des autres. La blouse aurait-t-elle le pouvoir de les rendre invisibles ? « La blouse crée une étiquette. Sans elle, le lien se crée », dit une femme de ménage.
Métiers : la dilution des genres
Ce portait de Goundo, conductrice d’autobus dans le Val d’Oise a été réalisé dans le cadre de l’exposition ’Des métiers bons pour elles’ organisé par l’ARPE, Conseil général du Val d’Oise, en 2006.
Il illustre la dilution des genres dans les métiers. Du moins le début. En effet, tel que noté dans la plaquette de l’exposition, s’il existe aujourd’hui un certain nombre d’initiatives qui encouragent les femmes à s’engager dans des métiers réputés masculins, l’inverse est rare et laisse penser qu’il est plus difficile d’être un pionnier qu’une pionnière.
On observe cependant la présence d’hommes sages-femmes, de caissiers, d’infirmiers, d’assistants sociaux, d’instituteurs en école maternelle, preuve d’une évolution des mentalités.
Néanmoins la distinction masculin/féminin persiste.
Ce portait de Goundo, conductrice d’autobus dans le Val d’Oise a été réalisé dans le cadre de l’exposition ’Des métiers bons pour elles’ organisé par l’ARPE, Conseil général du Val d’Oise, en 2006.