Atelier Découverte des patrimoines culturels (Association d’alphabétisation Solidarité Château-Rouge, Paris 18, 2015)

Date : 17 mars 2015

Pour la deuxième année consécutive, l'association Ethnologues en herbe a animé un atelier avec un groupe de femmes immigrées apprenant le français à l'association Solidarité Château-Rouge, Paris 18ème.

Âgées de trente à plus de soixante ans, ces femmes ont en commun le goût d'apprendre la langue d'un pays où certaines d'entre elles sont arrivées depuis longtemps. L'an dernier, nous avions réalisé une enquête de terrain dans les rues du quartier de la Goutte d'Or : apprendre à observer, échanger le ressenti et les expériences de la ville, s'interroger, questionner les habitants (commerçants, responsables associatifs, etc.), tel était notre travail.

Cette année, le thème était différent : avec le groupe, nous avons échangé au fil des dix séances de l'atelier, autour des rituels de naissance et de mariage, des remèdes, des pharmacopées, des superstitions. Quelles que soient les croyances ou les religions, on les retrouve dans toutes les sociétés. Et pour nous, ethnologues, il est essentiel de partir de cette universalité pour aller vers le singulier. Ainsi, Fatoumata a raconté l'usage du bara, une ceinture qui protège contre les maladies; Sokhona a dit la coutume de verser un gobelet d'eau derrière une voiture pour protéger ses occupants pendant leur voyage; les recettes des tagines ou couscous de mariage ont été échangées, commentées... Les participantes à l'atelier ont aussi mené une enquête dans diverses boutiques de la Goutte d'Or où les vertus du henné, du gingembre ou de l'eau zamzam ont été longuement débattues. Zohra, Afroja, Fatima, Mamanding, Assetou ont expliqué les services à sent-bon, les pochettes brodées pour les mariages, les tefor ou mkebeque l'on remplit de dragées ou de gâteaux.

À l'issue de l'atelier, elles ont feuilleté ensemble le carnet d'apprenties-ethnologues où elles avaient dessiné, écrit et collé les photos de ces rituels très divers qu'elles venaient de partager. Pour les formatrices toujours aussi investies et accueillantes de l'association Solidarité Château-Rouge et pour nous, les ethnologues qui avons animé l'atelier, le plus beau cadeau est venu à la fin, quand nous leur avons posé la question de savoir ce qu'elles avaient retenu de l'atelier. Il y avait bien des choses, mais surtout celle-ci qui est venue en premier : "Cet atelier, il nous a fait plaisir !". Un bonheur plus que partagé. Alexandra Quien, Faustine Odello, Chantal Deltenre Ethnologues, animatrices de l'atelier. Ce projet est réalisé avec le soutien de la Région Ile-de-France et le programme européen Grundtvig.