Atelier ‘Ethnographie d’une métamorphose urbaine dans le 20ème arr. de Paris’

Date : 5 novembre 2009

Les élèves de plusieurs classes du Collège Lucie Faure et du Lycée Hélène Boucher ont commencé un atelier d’ethnographie sur les profonds changements qui vont marquer le quartier Philidor suite à la destruction d’un dépôt de bus installé là depuis 1877, dépôt qui sera hébergé dans le sous-sol d’un tout nouvel immeuble conçu par l’architecte Brigitte Metra et qui verra le jour dans les trois années qui viennent. Les ateliers d’ethnographie organisés dans ce coin du 20ème arrondissement portent aussi sur la percée du tramway Boulevard Davout. Les élèves participant ont la possibilité de rencontrer les différents corps de métiers liés aux transports urbains dans ce quartier, et aussi ceux liés aux métiers de la construction. Ils sont en lien avec le Conseil de quartier et les habitants dont certains sont sollicités pour témoigner de l’histoire de l’arrondissement.

Le Contexte du projet:
6024d38.jpgCourant octobre 2009, le centre de bus RATP de Lagny situé au cœur du XXème arrondissement de Paris sera démoli. Pendant les 39 mois qui suivront, le chantier verra à la fois la construction d’un nouvel immeuble confié à l’architecte Brigitte Métra, comprenant des bureaux, un jardin privé, une crèche et un collège. Le centre de bus sera réintégré au sous-sol de cet immeuble.

Parallèlement à ce chantier qui s’étale sur trois ans, le tramway T3 arrivera en 2012 dans ce quartier (face au lycée et collège Hélène Boucher), à 100 mètres du centre bus de Lagny. C’est donc une véritable métamorphose que ce quartier appelé « quartier Philidor » s’apprête à vivre. Dans les deux années qui précèdent, l’association Ethnologues en herbe a mené des ateliers d’ethnographie au collège Lucie Faure, un établissement scolaire tout proche du Centre de bus.
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Les ateliers que propose l’association consistent à inviter les élèves des écoles, collèges et lycées à réaliser une enquête ethnographique sur une thématique de la quotidienneté. Ils s’appuient sur la pratique de l’ethnologie contemporaine, y compris de l’ethnologie urbaine, et sur la méthode spécifique de cette science sociale : l’ethnographie.
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  • Pour mémoire, l’ethnographie est une méthode spécifique à l’ethnologie. Elle a pour mission de collecter des matériaux ou des données que l’ethnologie analyse. Elle se déroule sur un « terrain d’enquête », l’endroit où se rendent les ethnologues pour observer la vie d’une société et recueillir sur elle des informations directement fournies par les intéressés eux-mêmes. Le travail ethnographique, c’est le travail de terrain.
  • Une fois sur le terrain, l’ethnographe (ou l’apprenti ethnographe) collecte des informations de toutes sortes : témoignages visuels (photos, dessins, films, etc.), sonores (enregistrements divers, entretiens, etc.), des documents écrits, des cartes, des archives, etc.

Les acteurs du projet

Implication des bénéficiaires

Les habitants du quartier Philidor sont tous impliqués dans ce travail : d’une part les adultes seront sollicités pour enrichir de leur témoignages et récits la ressource en ligne sur la mémoire du quartier ; d’autre part, les jeunes participants sont directement impliqués en tant qu’auteurs de leurs collectes et de leurs enquêtes. Ils ont chacun un Carnet d’ethnographe où ils consignent ces résultats sous formes de textes, compte-rendu d’entretiens, photos et séries de photos légendées, dessins de trajets et de cartes, collages, etc.

De même, ils sont à la fois auteurs d’expositions « réelles » de cartes collectives sur leur quartier (ces cartes ont souvent la forme d’ « imaginary maps » où les élèves convoquent dessins, photos et paroles échangées) mais aussi d’expositions virtuelles qui relatent le déroulement des ateliers sur le site de l’association. En même temps, ils participent au blog créé autour de ce groupe pendant le projet et effectuent un véritable travail éditorial leur permettant des manier des styles d’expression variés.

Les enseignants participent aussi activement au projet qu’ils perpétuent entre les séances. Les ateliers réalisés en présence de l’ethnologue et des artistes intervenants les conduisent à réagir et faire réagir les jeunes aux pistes et questions soulevées.

Partenariat : RATP, Service « Espaces et patrimoines »

Animation du projet

- Coordination : Chantal Deltenre, directrice de l’association Ethnologues en Herbe

- Intervenants : Chantal Deltenre, écrivain, ethnologue ; Anne Monjaret, ethnologue ; Raphaël Chipault, photographe ; Marie Richeux, photographe, plasticienne et vidéaste

- Multimédia : François-Xavier Echappé, spécialiste multimédia et médiation culturelle ; Julien Villalard, développeur

 

Les objectifs du projet

Les objectifs globaux du projet sont les suivants :

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Susciter de l’échange et du dialogue entre les habitants du quartier Philidor (adultes et enfants) pour contribuer à ce que le chantier du Centre de bus de Lagny soit vécu dans la transparence par les habitants du quartier et que chacun se sente partie prenante à cette mutation ;
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Créer des outils et des temps d’échange et de dialogue autour du projet par la mise en ligne d’un espace collaboratif sur la mémoire du quartier et par la restitution publique, dans le quartier lui-même, des résultats des enquêtes ethnographiques réalisées par les jeunes participants ;
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Permettre aux jeunes des établissements scolaires situés à proximité du Centre de bus de Lagny de s’approprier ce projet urbain en réalisant avec des ethnologues et des artistes (photographes, écrivains) une enquête ethnographique qui leur permettra de rencontrer les personnes ressources impliquées à chaque étape du chantier (ensemble des corps de métier), de pénétrer en quelque sorte ses coulisses, de comprendre comment et pourquoi un paysage urbain évolue, quels sont les enjeux de cette évolution, ses tenants et aboutissants sur le plan local et plus globalement à l’échelle de la ville et même de la planète ;
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En dehors de « l’ici et maintenant » de l’enquête ethnographique, permettre aux jeunes participants de prendre la mesure de l’évolution historique de leur quartier ;
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En dehors de l’ensemble des techniques et des métiers convoqués par le chantier et toutes les mutations du quartier, permettre aux jeunes de dialoguer entre eux, y compris d’un établissement scolaire à l’autre, sur cette transformation de leur univers immédiat et étendre ce dialogue aux autres habitants du quartier.
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Traduire non seulement en termes d’enquête ethnographique mais aussi par des techniques et supports artistiques (écriture, photo, etc.), les résultats de l’observation et de la description et les donner à voir à l’ensemble du quartier, et au-delà, via l’utilisation du site Internet.
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Sur le plan pédagogique, acquérir une série de compétences et favoriser l’expression personnelle, y compris artistique des élèves.

Les objectifs du projet dans sa première phase sont les suivants :

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Globalement, de juin 2009 à juin 2010, mettre en œuvre un processus permettant à l’issue de cette première phase une restitution publique à la fois ethnographique et artistique des ateliers auprès des jeunes habitants du quartier et aussi des témoignages et documents divers sur la mémoire du quartier Philidor recueillis par l’ethnologue auprès des adultes (parents d’élèves).
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Créer une ressource en ligne sur le site www.ethnoclic.net de l’association. Cette ressource aura la forme d’une exposition virtuelle où sont présentés des documents si possible ethnographiques sur la mémoire du quartier. Ces documents seront présentés de telle sorte qu’ils encourageront les participants, à la fois les apprentis ethnographes mais aussi, éventuellement, d’autres habitants du quartier, à enrichir cette ressource, ce qui permettra de conserver au fil des trois années du chantier les résultats des enquêtes montrant l’évolution des travaux.
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Engager une enquête ethnographique auprès des habitants du quartier pour recueillir des récits et des témoignages (visuels, entretiens, etc.) sur la mémoire du dépôt de bus.
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Animer des ateliers d’ethnographie du quartier dans six classes réparties sur les trois établissements scolaires du quartier et correspondant à différentes tranches d’âges (école de la Providence – CE- , collège Lucie Faure 6ème et 5ème , Lycée Hélène Boucher 2de et 1ère).
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Ouvrir sur site de l’association un espace « Projets » spécifique où tous les partenaires pourront participer au « work in progress » des ateliers : les classes, les enseignants, les intervenants, les personnes ressources, etc.

Les méthodes du projet

La « méthode ethnographique », c’est l’ensemble des méthodes empiriques, des recettes grâce auxquelles, en situation d’enquête, l’ethnologue établit entre son terrain et lui, la relation la plus pertinente.

Parmi les techniques de l’ethnographie :

Le carnet de bord et les diverses écritures de l’ethnologie

C’est familièrement, « un journal tenu au jour le jour de façon détaillée ». On respect ici l’importance de la chronologie et de la datation en consignant des expériences personnelles vécues et saisies dans l’instant.

Ce Carnet de bord est au coeur du dispositif d’enquête mis en place avec les jeunes participants aux ateliers. Ces notes prendront la forme de textes suivis, de légendes de photos, de fiches, de dessins, de plans, etc.

Les ateliers d’ethnographie donnent une grande importance à l’écriture : narrative, descriptive, poétique, etc. Le nom des ateliers « Espèces d’espaces » axés sur l’exploration des espaces urbains essentiellement, est tiré de l’ouvrage de Georges Perec.

La cartographie participative

Autre méthode d’observation, la cartographie consiste dans notre démarche à replacer sur des plans de préférence dessinés par les élèves (memory maps) les repères, les frontières, les groupes ou individus rencontrés, les objets importants, etc. La cartographie est utilisée dans l’enquête ethnographique des espaces de vie : le quartier, l’école, la maison, un lieu de culte, etc. La réalisation de « memory maps » par les élèves permet aussi de restituer les enquêtes sous forme de « panneaux de cheminements ».

La photographie

La méthode photographique est souvent recommandée pendant les enquêtes, les ethnologues de l’association travaillant depuis plusieurs années dans les établissements scolaires avec des photographes professionnels. Les photos sont toutes commentées et situées : heure, place, etc. On reporte ces indications sur le Carnet où des séquences de photos sont reconstruites et commentées.

L’entretien

L’entretien avec des personnes-ressources (habitants d’un quartier, membres d’une famille, d’un club, etc.) est au coeur de l’enquête ethnographique. Une fiche est consacrée à l’entretien ethnologique qui peut aller du « récit de vie » (autobiographie) à un ensemble de questions posées en fonction du thème d’observation.

L’approche historique

Plonger dans l’histoire d’un être, d’un lieu, d’un objet, pour mieux en comprendre le destin, l’évolution, les métamorphoses, c’est une approche importante en ethnologie.

En 2010, le dépôt de bus de Lagny situé dans le 20ème arrondissement de Paris, dans le quartier Philidor, est détruit pour laisser place à un tout nouvel immeuble qui comprend des bureaux, un jardin privé, une crèche et un collège. Le dépôt de bus ne disparaît pas : il est en sous-sol de cette nouvelle construction. En même temps, à quelques pas de là, la ligne du tramway T3 prépare son arrivée en 2012.

Une vraie métamorphose du paysage urbain et des transports en commun dont les apprentis ethnographes suivent l’évolution pas à pas dans les écoles, collèges et lycées voisins (Lucie Faure et Hélène Boucher).

La restitution de cet atelier est constituée de documents actuels et historiques sur le quartier, le 20ème arrondissement et l’évolution des transports à Paris. Ces documents ont été collectés par l’association Ethnologues en Herbe auprès de la RATP ainsi que par les apprentis ethnographes au fil de leurs ateliers.

Quelques repères sur le 20ème arrondissement de Paris…

Le 20ème arrondissement aujourd’hui

Ce document situe les frontières du 20e arrondissement, le dernier des vingt arrondissements de Paris. Il est situé sur la rive droite de la Seine. De Belleville au Père-Lachaise, en pasant par les quartiers de Charonne et Ménilmontant, le 20ème arrondissement de Paris se situe sur la rive droite de la Seine. Il est bordé au nord par le 19ème arrondissement, à l’est par les communes des Lilas, de Bagnolet, de Montreuil et de Saint-Mandé, au sud par les 12ème, à l’ouest par le 11ème.

Le 20e arrondissement a été créé en 1859, sous le Second Empire, par le rattachement à Paris d’une partie de la commune de Belleville, comprenant l’ancien village de Ménilmontant, et de la commune de Charonne. Par la loi du 16 juin 18591, les limites de Paris sont déplacées depuis le mur des fermiers généraux « jusqu’au pied du glacis de l’enceinte fortifiée » (l’enceinte de Thiers). Paris s’est ainsi agrandi de 4 365 hectares, passant de 3 438 hectares en 1859 à 7 802 hectares en 1860. [Sources : Wikipedia et Patrimoine Industriel et urbanisme, le site de Philidor-Maraîchers, Ratp.]

Les apprentis ethnographes ont concentré leur regard sur le quartier Philidor.

 

Les quartiers du 20ème arrondissement

Le 20e arrondissement comprend depuis sa création en 1860 quatre quartiers administratifs :

  • Quartier de Belleville ou 77e quartier de Paris
  • Quartier Saint-Fargeau ou 78e quartier de Paris
  • Quartier du Père-Lachaise ou 79e quartier de Paris
  • Quartier de Charonne ou 80e quartier de Paris

Le quartier de Charonne ou 80e quartier de Paris est un quartier administratif du XXe arrondissement de Paris du nom d’un ancien village rattaché à Paris en 1860 par Napoléon III.

Le centre du village se trouvait au croisement de l’actuelle rue Saint-Blaise et de la rue de Bagnolet.

La rue de Charonne se situe dans le XIe arrondissement de Paris, dans le quartier de la Bastille, et doit son nom à cette ancienne commune de l’est de la capitale ; c’était autrefois le chemin qui y conduisait.

Le boulevard de Charonne est situé à l’emplacement du mur des Fermiers généraux, et marquait jusqu’en 1860 la limite entre les communes de Paris et de Charonne.

 

 

 

 

 

 

 

 

Elle est longue, très longue même, l’histoire de cette partie de Paris, bien avant qu’elle s’appelle ’le 20ème’…

C’est bien souvent une histoire de murs, d’enceintes, d’octrois où Paris dresse ses frontières avec les communes voisines.

Or qu’est-ce qui fait la frontière aujourd’hui entre le 20ème et ses alentours ? C’est la question que se posent les apprentis ethnographes.