Trésors du Musée ethnographique Alexandre Sènou Andandé (Bénin)

Date : 6 août 2009

Ces objets font partie des collections du musée ethnographique A. S. Adandé au Bénin. Elles contiennent autant du mobilier domestique, du mobilier cultuel, des instruments de musique, des parures et vêtements, que des objets participant à la naissance, la vie et la mort en République du Bénin. Ils illustrent les façons de vivre dans ce pays.

Manger au Bénin:

Assiette en terre cuite

Cet objet est une assiette en argile cuite, récipient ouvert à fond concave avec un rebord épais. Sa hauteur est de 7 cm et son diamètre de 22 cm. On utilise ce genre d’assiettes en argile lors des repas quotidiens en famille et lors de cérémonies. Cette poterie a été pétrie à la main et avec les pieds, façonnée, décorée, séchée puis cuite au feu.

Cette assiette en terre glaise est utilisée dans les régions du Sud de la République du Bénin.Elle a été collectée en 1976.

 

Cuillère des Yom

Cette cuillère est en bois blanc sculpté avec beaucoup de finesse. Elle fait 27,5 cm de long et 6,5 cm de large. Elle a une forme ovale, légèrement creuse à la base avec un manche effilé sur lequels des motifs géométriques sont pyrogravés. Les Yom, peuple du nord de la République du Bénin, l’utilisent tous les jours pour servir et préparer le repas.

Elle a été collectée en 1956 par l’Institut français d’Afrique Noire.

Foyer en terre cuite

Ce foyer transportable en argile fait 22 cm de haut et 30 cm de diamètre. Il est de forme circulaire et est posé à même le sol. Son rebord est composé de trois petites boules formant un triangle sur lequel on pose marmites et casseroles alors que l’intérieur est creux et présente une ouverture par laquelle on dépose le bois de chauffage.

Toute la population villageoise du Bénin utilise ce genre de foyers quotidiennement pour cuire les aliments. Les femmes potières du Bénin fabriquent ce foyer avec de l’argile qu’elles pétrissent avec les mains et les pieds.

Ce foyer est utilisé dans les communautés villageoises de la République du Bénin et a été collecté en 2000.

Marmite

Cette marmite ou calebasse est en argile. Au moment de sa fabrication, cette marmite a la couleur de la terre cuite. Une fois qu’elle est utilisée, elle prend une couleur noire à cause de la fumée du feu de bois.

Toute la population du Bénin utilise ce genre de marmites quotidiennement pour préparer le déjeuner ou le dîner. On la pose sur le foyer pour cuire des aliments, et surtout une pâte à base de farine de maïs, de mil, de sorgho et de cossettes de tubercules. La pâte qui y est préparée se mange généralement avec de la sauce composée de tomate, piment, sel et huile, oignon, poisson et viande.

Cette marmite est utilisée par les communautés villageoises de la République du Bénin. Elle a été collectée en 1981.

Meule

Cette meule et son meulon sont en argile. Haute de 6 cm et large de 26 cm de diamètre, la meule est un récipient de forme circulaire aux parois épaisses et incurvées. On ne peut l’utiliser sans le meulon qui sert à écraser les condiments dans la meule: ce dernier est de forme allongée, strié du côté qui doit rester dans la paume de la main.

Les femmes du Bénin se servent de cette meule quotidiennement pour la préparation des aliments. Celle présentée sur l’image a été collectée en 1999.

Pot à infusion

Ce pot en argile, d’une hauteur de 30 cm et d’une circonférence de 16 cm, est composé d’un rebord avec un corps concave en forme de ballon. Son ouverture étroite est liée à sa fonction qui est de mieux conserver la qualité des tisane dans la calebasse.

On utilise ce pot pour faire infuser des boissons qui facilitent l’accouchement et la croissance des nourrissons, mais aussi pour le traitement des maladies telles que les troubles de grossesse, les maladies infantiles et le paludisme.

Il a été collecté en 1999.

Mourir au Bénin:

Statuettes des jumeaux

Ces petites statuettes sculptées dans du bois d’acajou sont de forme humaine, masculine ou féminine. Elles représentent les enfants jumeaux ou jumelles décédés et permettent de les immortaliser, de symboliser leur présence. La tradition dit que les enfants ne sont en réalité pas décédés, mais qu’ ‘ils sont allés dans la forêt sacrée pour chercher du bois ‘.

Ces statuettes sont traitées comme des enfants vivants: ils sont habillés en uniforme et transportés par leurs parents partout où ils se trouvent, partagent la couchette et les repas avec eux. 

Ces statuettes sont disposées dans les maisons dont sont issus les enfants défunts des communautés du centre et du Sud de la République du Bénin. Elle ont été collectées en 1955.

Assin pour les défunts

L’assin est un objet en fer forgé auquel on peut donner divers motifs. Celui qui est présenté ci-dessus a une forme de parasol miniature surmonté de motifs représentant des symboles de la vie du défunt. Sa hauteur est de 108 cm et son diamètre de 25 cm.

Cet objet fait le lien entre le monde des vivants et celui des ancêtres ou des dieux. En effet, il représente symboliquement les défunts dans le monde des vivants et permet de les invoquer, de les rendre présent en y effectuant des rituels, par exemple pour nourrir le défunt, on y dépose de l’huile, de la liqueur, le sang d’un animal sacrifié, etc. Ainsi, l’assin est une sorte de petit autel portatif.

Autour des assins, on trouve des calebasses, des cauris, des lampions, des canaris, des jarres, des assiettes, des couteaux, des produits du palmier à huile, de la toile en coton, des clochettes et des instruments de musique. Tout cela sert à comémorer les défunts, à communiquer avec leurs âmes et à montrer que les liens de la communauté ne s’affaiblissent pas et qu’elle demeure unie, par delà la vie et la mort.

Les assins sont utilisés, aujourd’hui encore, dans le Sud de la République du Bénin. Celui-ci a été collecté en 2000.

Linceul

Le linceul présenté ci-dessus est un morceau de coton rectangulaire de couleur beige tachetée de noir, mesurant 2 m de long pour 90 cm de large. Il enveloppe le corps des personnes décédées avant leur enterrement.

Ce linceul enveloppe les morts dans les communautés du centre de la République du Bénin. Il a été collecté en 1957.

Se parer et se vêtir au Bénin:

Collier avec amulette

Ce collier est tressé de fils de coton noirs et porte une amulette recouverte de velours noir. Il est long de 16 cm. Il est porté par les nouveaux nés au Bénin pour les protéger contre les maladies infantiles liées à la dentition et contre les mauvais esprits (la sorcellerie). L’enfant le portera jusqu’à ce qu’il termine sa dentition (2 à 3 ans).

Il a été collecté en 1999.

Costume boubou de cérémonie

Les costumes-boubous avec pantalon date du 16ème siècle. Ils étaient jadis portés par les chefs ou les notables du Bénin pendant les cérémonies, les fêtes ainsi que lors de grands évènements : intronisation, investiture, mariage, baptême, anniversaire. Aujourd’hui toute la population du Bénin l’utilise pour les grandes occasions.

Le costume pour homme présenté ci-dessus est multicolore : beige, rouge, vert et bleu indigo. Il est tissé en fils de coton teints dans différentes couleurs et est ensuite brodé et cousu. Il est constitué de deux pièces, un boubou pour homme et un pantalon et est souvent porté avec des sandales, des parures, un parasol, un éventail et une canne. C’est un costume lourd mais confortable à porter. Il fut porté dans la région Nago / Yorouba du Bénin et du Nigéria. Il a été collecté en 1967.

Pagne indigo

Ce pagne en coton tissé et teint est de forme rectangulaire avec des motifs en rondelles qui sont alignés obliquement et en lignes brisés. Il est teint en blanc et en bleu indigo, couleur obtenue en malaxant des feuilles d’indigotier avec d’autres composantes.

Noué autour des reins, c’est un vêtement traditionnel porté à la fois par les femmes et par les hommes. Confortable et léger, les pagnes sont portés dans de nombreux pays africains au climat chaud, dans les villages et les villes.

Rituels:

Cruche pour eau sacrée

Cette cruche est faite à partir d’un métal réalisé avec un alliage de cuivre, ce qui lui donfère des tons roses et jaunes. Elle est aute de 40 cm et large de 19 cm. En forme de tube arrondi à la base, elle est légère et donc facile à transporter. Le couvercle sert juste à couvrir l’eau contenue dans la cruche. Elle a été fabriquée au XXème siècle au Bénin et sert, dans les temples, à contenir l’eau de la rivière sacrée. Les chefs religieux l’utilisent lors des cérémonies de purification, pour guérir des maladies, régler des conflits dans les familles et faciliter les accouchements.
Cette cruche servant à contenir l’eau sacrée est utilisée dans les temples des ancêtres et des divinités appartenant aux croyances du vodoun et a été collecté en 1985.

 

Hache de Shango

 

Cette hache de Shango est sculptée dans du bois léger: elle est à double tranchant et à double-face. Ele est décorée d’une statuette à la place du manche et elle est multicolore : bleue, verte, rouge, jaune. Ce sont les couleurs qui symbolisent cette divinité. Shango est en effet le dieu du tonnerre, adoré par la communauté Nago / yorouba de la République du Bénin et cette hache symbolise l’arme qu’il utilise pour rendre justice. Elle est utilisé comme un attribut marquant le pouvoir des prêtres et prêtresses du dieu Shango. Cette hache est utilisée pendant les cérémonies organisées pour célébrer les rites en honneur de la divinité Shango.

On trouve cette hache du dieu Shango dans les temples dédiés à ce dieu du tonnerre, surtout au sud et au centre de la République du Bénin. Elle a été achetée en 1985 par un comité national de collecte.

 

Masque guèlèdè

Ce masque Guèlèdè est sculpté dans le bois des coques de noyau provenant du fruit colatier. Il représente une tête humaine surmontée de deux personnages qui se font face, assis sur un plateau, peint de multiples couleurs: vert, jaune, blanc, noir, rose, bleu, beige. Malgré sa forme, c’est un objet léger et facile à porter.

Ce masque est sacré et est porté une seule fois par un initié (homme ou femme) de la communauté Nago/Yorouba se trouvant dans les villages où existe la société secrète Guèlèdè (régions de Kétou et de Savè au Bénin). Porter ce masque lors des cérémonies religieuses et populaires permet de rendre hommage et de prier les dieux afin de prévenir les catastrophes naturelles ou pour favoriser l’éducation de la population.

Les hommes qui portent ces masques sont vêtus de riches vêtements féminins, portent des grelots aux pieds et tiennent deux queues de cheval. D’autres objets sont utilisés lors des cérémonies Guèlèdè : le chasse-mouche, le foulard, l’écharpe, le pagne.

Ce masque Guèdèlè a été collecté en 1998.

Plateau de divination

Ce plateau est en bois rouge sculpté. De forme ovale, il est d’une longueur de 45 cm, d’une largeur de 30 cm et d’une épaisseur de 3 cm. Il est peint d’une face humaine en son centre et des motifs géométriques le décorent: ceux ornant sa bordure sont peints en vert.

Ce plateau est utilisé par un devin afin de rechercher des solutions aux problèmes passés, présents et futurs. Au centre de ce plateau est porté le premier signe de l’oracle, généralement marqué dans de la poudre de kaolin (de couleur blanche) avec les doigts. L’utilisation de cet objet est accompagnée d’un autre objet divinatoire en forme de chapelet mais aussi d’un bâton sculpté, de la poudre de kaolin, de cauris (coquillage blanc), de graine végétale, de noix de palme, de colas, de calebasses, de paniers, de sacs, de clochettes, de statuettes, et de beaucoup d’autres objets symboliques.

Ce plateau de divination est utilisé dans les pays africains au climat tropical plus précisément en République du Bénin, au Nigéria, au Togo et au Ghana.  Il a été collecté en 1967.

Tambours sacrés

Ces tambours sacrés sont fabriqués en bois sculpté, creux à l’intérieur, de couleur beige et rouge. Leurs caisses de résonnance est de forme cylindrique, allongées et retrécies à la base et recouvertes de peau de mouton retenue par des piquets en bois et décorés par une bande de fibres de raphia teintées. Le plus grand tambour mesure 92 cm de haut, le moyen 58 cm et le plus petit 39 cm.

Ces tambours sacrés constituent une série d’instruments de musique à percussion utilisés dans les temples de la divinité du dieu du serpent. Seuls les adeptes et les initiés de la divinité du dieu du serpent peuvent en jouer lors des cérémonies rituelles. En jouer revient à prier et à rendre hommage aux dieux afin d’obtenir leurs faveurs pour l’éducation de la population et pour prévenir les catastrophes naturelles. D’autres objets sont utilisés lors de ces cérémonies comme les bâtons et le gong qui est un autre instrument de musique à percussion.

Ces tambours sacrés ont été collectés en 1994.

Mobilier domestique:

Lampion

Ce lampion en argile cuit mesure 18 cm de hauteur et pèse environ 1kg. Il est composé de deux petits vases reliés par un axe central cylindrique. Dans le plus large d’entre eux, on met de l’huile végétale et une mèche de coton. Cette mèche est bloquée à la partie supérieure par un tesson de jarre en terre cuite pour empêcher l’avancée de la flamme, sinon elle risque de brûler trop vite la mèche imbibée d’huile. Certains lampions, mais pas celui-ci, sont décorés. Si ce lampion date du 19 ème siècle, aujourd’hui il en existe toujours: certains sont mêmes fabriqués avec des boîtes de conserve. Dans ce cas, ils sont allumés avec du pétrole et une mèche.

Toute la population du Bénin, et aussi de l’Afrique, utilise ces lampions: ils servent à éclairer la cour de la concession, la cuisine et les chambres, afin de mieux voir la nuit.

Ce lampion a été collecté en 1957 par l’Institut Français d’Afrique Noire.

Natte

Cette natte est fabriquée à partir de joncs séchés et tressés avec des fibres de raphia. Elle est de forme rectangulaire, longue de 185 à 200 cm et large de 75 à 125 cm et plus. Souvent, elle est teintée par endroit avec des colorants jaune, rouge, vert ou bleu indigo.

Comme elle est légère et très facilement transportable, elle est souvent déroulée, tant pour dormir, que pour se reposer, manger ou encore lors des cérémonies. Quand son usage est terminé, elle est roulée et rangée.

La natte est utilisée partout, dans presque tous les ménages, en ville et au village. Il a été collecté en 1957 par l’Institut Français d’Afrique Noire.

 

Maquette de cases dans les villages Otamari

Cette maquette représente un ensemble de cases composant les villages des Otamari, peuple du Nord Bénin. Ces cases sont en argile pétri et monté en murs circulaires avec des rangées superposées. Ensuite, une charpente en bois est construite puis recouverte de paille pour former un toit de forme conique. Ordinairement, les murs sont décorés. Cette case est une habitation très confortable.

Les Otamari se constituent en petite famille pour habiter ces différentes cases : le bétail au rez-de-chaussée et les humains à l’étage. La forme des cases dépend de la communauté qui l’habite.

 

Rideau

Ce rideau rectangulaire est fait avec les écorces tressées des branches du palmier raphia. Après séchage, ces dernières prennent une couleur beige et sont attachées avec l’aide de cordes en fibre végétale. D’une hauteur de 180 cm et d’une largeur de 120 cm, il protège l’entrée des habitations traditionnelles dans les zones tropicales. De petits espaces entre les morceaux de raphia permettent l’aération et l’éclairage à l’intérieur des habitations.

Il a été collecté en 1957 par l’Institut français d’Afrique Noire.

Les calebasses

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Les fruits du calebassier, grosses baies globuleuses ou ellipsoïdes de 10 à 35 cm de diamètre, sont utilisées pour obtenir des objets à multiples usages. Récipients domestiques par excellence, les calebasses se déclinent en plats, gourdes, cuvettes, boîtes, coupes… Elles peuvent être blanchies, modelées et décorées pour être plus esthétiques ou plus adaptées à l’usage auquel on les destine.

L’avènement des objets modernes n’a pas totalement fait perdre la valeur de la calebasse et elles sont toujours utilisée dans les cuisines, dans les cours des habitations en guise de seaux et de bassines. Elles jouent aussi un rôle très important dans les pratiques religieuses, divinatoires et occultes et sont donc fréquemment utilisées dans les rituels. Elles peuvent également se faire instruments de musique.

Aux apprentis-ethnologues: Est-ce vrai?

Doter la mariée

Au Bénin, pour doter la mariée, il faut donner un grand pagne au beau-père, un beau pagne à la belle mère, huit pagnes à la mariée.

Fabrication de la natte

A l’aide de touffes d’herbes ‘ofin’, on tresse la natte avec du fil en raphia. Ensuite, c’est l’étape de la décoration au cours de laquelle on donne diverses couleurs à la natte.

S’habiller

Le pagne permet essentiellement de s’habiller.

Usages de la natte

La natte sert à dormir, à se détendre, à recevoir les invités. Il faut toujours se déchausser avant d’y aller.