Trésors du Musée d’ethnographie du Vietnam

Date : 5 août 2009

Ces objets sont exposés au Musée Ethnographique du Vietnam et font partis des collections virtuelles d’Ethnologues en herbe parce qu’ils illustrent les façons de s’habiller, de se parer, d’habiter, de se marier qu’explorent les apprentis ethnographes dans le monde entier et à travers les époques.

Habiter au Vietnam

Maison commune

La maison proposée ci-dessus est celle des Bahnar de Kon Tum, ville importante des Hauts-Plateaux du centre du pays. Elle est entièrement construite à partir de matières végétales: bois, bambou, rotin et herbe. Avec ses pilotis, son plancher s’élevant à 3 mètres au-dessus du sol, et son toit aux pentes recouvertes d’herbe et mesurant environ 13 mètres, la maison peut s’élever jusqu’à 19 mètres de hauteur. Le toit est donc soutenu par un système très structuré de poutres. En longueur, elle mesure jusqu’à 15 mètres de long. Sa construction demande beaucoup de temps (plusieurs années), d’efforts mais aussi l’aide des villages voisins.

Solidement construites et conçues avec un maximum de courbes, ce type de haute maison commune résiste aux vents les plus violents et donne une forte impression de pouvoir. En effet, la maison commune est l’édifice le plus important du village. Traditionnellement c’était la maison des hommes, qui s’y réunissaient pour les rites ou se préparer au combat. Ainsi, c’est devant elle que s’organise les sacrifices de buffles lors des occasions spéciales. Dans certains villages, on trouve aussi en supplément une maison des femmes. De nos jours, ces maisons servent de lieux de réunions.

Les maisons communes sur pilotis se retrouvent chez plusieurs populations des montagnes du centre du Vietnam comme les Sedang, Bahnar, Cotu, Bru, bien que la forme varie d’une population à l’autre.

Maison en terre battue

C’est un type de maison d’habitation dont les murs sont en terre rouge battue, tassée et mélangée avec des cailloux. Ils sont épais de 40 cm environ et sont très compacts: cela renforce la structure de la maison et protège les habitant du froid en hiver. La maison ne possède qu’une seule porte d’entrée, mais des petites ouvertures rondes, en haut des murs, ventilent la maison et laissent la fumée s’échapper. Des trous aménagés sur la façade, juste sous le toit, permettent aux oiseaux de faire leurs nids. Elle donne une impression de solidité et de force.

Les quatre pentes du toit sont recouvertes d’une épaisse couche d’herbe à paillote séchée et sa charpente est constituée de troncs d’arbres.

A côté de la maison principale, il y a souvent une construction plus petite qui sert à la fois d’étable pour les buffles et d’écurie. On y range également le bois et le foin, ainsi que le métier à tisser, les outils agricoles et quelques ustensiles pour la maison.

Les parents construisent une maison de ce type pour le jeune couple après son mariage, ou plus tard, après la naissance de leur premier enfant.

Selon la croyance des Hani, la maison ne fait pas seulement abri pour les vivants, mais elle est également le lieu que fréquentent leurs ancêtres. C’est la raison pour laquelle, un autel destiné à ceux-ci est dressé à côté du lit des hommes, dans la pièce principale de la maison.

La maison proposée est celle des Hani qui se répartissent dans les montagnes frontalières avec la Chine.

Corne-fougère

L’appellation ‘corne-fougère’ en langue thaï, trouve son origine dans la forme de l’objet. Celui-ci est fait de deux pièces de bambou ou de bois, tenues croisées sur l’une des extrémités du faîtage des maisons sur pilotis. Parfois, ils sont blanchis à la chaux afin d’être visible de loin.

Ce décor a pour première vocation de renforcer le toit contre le vent. Mais dans la société thaï traditionnelle, ce décor était identitaire et significatif. Ses différents modèles traduisaient le statut social ou familial du propriétaire. Le décor ‘fleurs de lotus’, riche en éléments, est celui des familles aristocratiques. Les modèles plus simples sont ceux des villageois ordinaires. Le modèle ‘bonheur’, figurant le chignon de la femme mariée ou une femme enceinte, exprime le désir de bonheur des jeunes couples. Celui constitué de deux simples baguettes de bambou ou de bois montre la pauvreté de la famille.

Depuis la fin des années cinquante, avec les changements sociaux puis économiques du Vietnam, la signification sociale attachée à ce décor n’existe plus. D’ailleurs, le décor lui-même est de moins en moins utilisé. Il ne représente plus aujourd’hui qu’un des éléments traditionnels de plusieurs populations des montagnes du centre (chez les Cotu, Ta Oi et Bru-Van Kieu) ainsi que du nord-ouest du Vietnam (chez les Thaï Noir, Khmu, Sinhmun). Cependant, d’une population à une autre, la forme du décor peut varier et la signification changer. Les modèles proposés ci-dessus viennent des Thaï Noirs.

Autel des ancêtres

Cet autel des ancêtres est un lieu de culte domestique dans les familles Viêt du Vietnam. Il est situé dans le lieu le plus solennel de la maison et c’est devant lui qu’on reçoit les invités.

Si leurs formes et leurs éléments sont très variés, les autels et les objets qui y sont posés sont toujours de couleurs rouge et or. En effet, selon la tradition bouddhique ces deux couleurs sont les plus précieuses: le rouge représente la prospérité et la chance, le jaune le salut. Les motifs dominants sont le dragon, le phénix, le soleil et le chrysanthème.

Sur ces autels, des objets sont exposés: tablettes ancestrales, généalogies, portraits des défunts, lampes, boîtes à alcool, porte-cierge, porte-encens, brûle-parfum, vases à fleurs, etc. pour honorer les ancêtres. A certaines occasion ( fêtes anniversaires d’un mort de la famille, Nouvel An lunaire ou bien lors d’événements heureux ou malheureux), des offrandes y sont déposées: des fruits, des fleurs, un coq et du riz gluant, de l’eau et du bétel.

Ces offrandes servent à nourrir et remercier les ancêtres auxquels un culte est rendu: « quand on boit de l’eau, on doit se rappeler de sa source ». Ils glorifient les bienfaits de la lignée et des ancêtres, et transmettent leur vertu à leurs descendants.

Lit de la patronne de famille

Ce lit mesure 1,4 m x 2 m et est taillé d’un seul bloc dans un grand tronc d’arbre d’une espèce de hopea dur. Les quatre pieds puissants reliés naturellement à la planche du lit, sont sculptés en forme de défense d’ éléphants. Le lit donne ainsi une impression de puissance.

Ce lit est installé en permanence dans la maison. Ainsi, il est utilisé quotidiennement pour se reposer. Cependant, à l’occasion d’une réunion familiale ou d’une réception, ce lit retrouve son rôle symbolique de pouvoir et d’honneur: il est alors disposé contre le pilotis le plus important de l’espace commun de la longue maison et c’est l’endroit réservé à la patronne de la maisonnée ou à son époux, qui dirige la réunion ou qui reçoit les invités. En principe, ce sont uniquement eux qui ont le droit de s’y asseoir ou de s’y allonger.

Pour pouvoir utiliser ce lit, la famille a dû préparer un rituel, avec offrandes de buffle, de porcs, d’alcool fermenté, adressées à divers génies et organiser une réception en offrant aux villageois des mets traditionnels.

Se vêtir et se parer au Vietnam

Bonnet d’enfant Yao

Ce bonnet en coton de couleur rouge et bleu indigo, orné de clous et de piécettes d’argent, est porté par les jeunes garçons des populations Yao au Vietnam (montagnes du Nord du pays). Cette ornementation peut être complétée de bouts de plastique, de piles ou de languettes de cannettes en aluminium. Des papiers votifs et de la cardamome enveloppés de tissu rouge sont attachés à la pointe du bonnet.

Aux dires des gens, ce bonnet protège la santé des enfants en les rendant résistants au vent et à la pluie. Mais, grâce à ses nombreuses amulettes, il protège aussi leur santé en les mettant à l’abri des esprits démoniaques et en les rendant plus forts.

Jupe en chanvre

Les femmes Hmong tissent et portent des jupes à partir de chanvre. La couleur de base de ces jupes est l’indigo, mais de nombreux décors sont réalisés soit avec des fils colorés, soit avec des morceaux d’étoffes de coton. Ainsi, du rouge, du blanc et d’autres couleurs ressortent sur le fond sombre de l’indigo. Par dessus la jupe, les femmes portent une ceinture tablier et en dessous, des jambières. En haut elles portent une tunique de chanvre qui est ceinturée et elles se coiffent d’un turban. Les jeunes mariées se parent également de colliers en argent, ou en aluminium pour les plus pauvres.

Les Hmong Blanc utilisent le chanvre de couleur blanche naturelle. Les Hmong Noir et les Hmong Fleuri le teignent à l’indigo, avec ou sans décor. Les motifs peuvent être réalisés en broderie, ou selon la technique de l’appliqué (les morceaux de tissu de différentes couleurs sont cousus appliqués sur la toile selon les motifs choisis), ou bien du batik.

Ce genre de jupe est porté au quotidien par les femmes comme par les filles. Les jupes les plus belles, neuves, sont conservées pour les jours de fêtes ou pour les occasions spéciales comme par exemple pour aller au marché. Ainsi, seul l’état du vêtement opère la distinction entre vêtement quotidien et vêtement de fête.

 

Costume de femme Lo Lo

Le costume traditionnel des femmes Lo Lo se compose d’une veste, d’un pantalon, d’un sarong porté par-dessus le pantalon et d’une coiffe. La base de ce costume est en coton de couleur indigo. Sur ce fond indigo, de nombreuses décorations, composées de morceaux de tissus colorés, sont cousus: elles forment des motifs géométriques rouges. Certaines pièces d’ornements sont en plastique. Les femmes Lo Lo portent ces vêtements avec des chaînettes en argent, des colliers, des bracelets et des boucles d’oreilles, ceci créant une décoration harmonieuse.

La veste courte s’enfile par la tête. Ses pans sont ornés de décors géométriques. Les manches sont larges, utiles pour pratiquer des activités agricoles.

Le pantalon large est décoré sur le devant. Un morceau d’étoffe portant également des motifs, s’enroule autour de la taille par-dessus le pantalon.

La ceinture est faite de tissu indigo-noir, aux franges colorées.

Le turban est brodé de motifs éclatants et orné d’une ligne de boutons plastiques, ses extrémités sont fixées par des fils colorés.

Toutes les femmes Lo Lo peuvent revêtir ce costume, indépendamment de leur âge ou de leur statut familial. Auparavant, ce costume était un vêtement porté au quotidien. Aujourd’hui il est porté à l’occasion des fêtes, du Nouvel An et du mariage. Ce costume présente des variantes selon les régions d’origine des femmes Lo Lo.

Boucles d’oreilles en ivoire des femmes Ma

Ces boucles d’oreilles sont des parures en ivoire portées par les femmes Ma du Vietnam (centre du Vietnam). Elles ont la forme d’un cylindre dont la partie médiane est un peu moins volumineuse que les extrémités. L’ivoire est considéré comme une matière précieuse, mais plus la couleur de l’ ivoire de ces boucles d’oreilles est claire et naturelle, plus elle fait ressortir la valeur de l’objet et donc la richesse de la famille propriétaire. Elles sont si lourdes qu’elles peuvent étirer les oreilles parfois jusqu’aux épaules. Elles peuvent être utilisées quotidiennement, mais surtout à l’occasion de fêtes et de rituels.

Ornement de coiffure

L’ornement de coiffure (choong pha) est composé d’un cercle en rotin décoré de coquillages. 12 épingles de 7/8 cm, en os ou en corne, permettent de bien tenir les cheveux et sont soigneusement gravés de motifs divers. Tous les éléments composant cet ornement sont de couleurs claires: les épingles sont blanches, la couronne a la couleur naturelle du bambou, les coquillages utilisés sont également blancs et font grande impression sur les cheveux noirs. Cet ornement a une grande valeur.

Cet ornement de coiffure est utilisé pour fixer les cheveux portés en chignon, mais aussi pour montrer qu’une femme est déjà mariée. En effet, chez les Cong, l’un des rites les plus importants du mariage est de fixer l’épingle à cheveux sur le chignon de la jeune mariée. Dès lors, la coiffure de la femme donne le signe de son état familial et montre ses devoirs envers sa belle-famille. Les femmes la portent tout le temps, en particulier lorsqu’elles sortent. En cas de décès du mari, après le deuil (de trois ans), si la femme désire se remarier, elle enlèvera l’épingle à cheveux, sinon elle la gardera toujours sur la tête.

Se marier au Vietnam

Cage à coqs

Cette cage à coq est fabriquée avec des filaments de bambou, de la soie naturelle colorée, des graines blanches et des pièces argentées. Sa couleur dominante est le rouge qui signifie le bonheur. L’objet, soigneusement décoré, se distingue des cages ordinaires pour les poules utilisées quotidiennement par toutes les familles de Pa Then. En effet, cette cage sert à transporter les 8 coqs qui seront déposés sur l’autel des parents de la jeune fille qu’on souhaite demander en mariage. Selon la croyance, ils symbolisent les huit lignées originelles des Pa Then. Cette cage et ses 8 coqs expriment avec vigueur les voeux et les sentiments de la famille du marié envers la famille de la jeune mariée. C’est la future mariée qui tisse le tissu et le donne à la famille de son fiancé pour que celle-ci orne la cage. Cette coutume est encore très respectée de nos jours dans cette communauté.

Robe de mariée

Cette robe de mariée à manches larges et à col montant est fermée devant par huit boutons disposés sur toute la longueur du col à l’ourlet du pan. Elle est de couleur rouge avec des décors blancs irisés. Le rouge est un symbole de bonheur, le blanc désigne la virginité et l’iris, la somptuosité de la mariée. Sur le tissus, des dragons et des phénix sont brodés: le dragon symbolise le pouvoir et la masculinité, et le phénix la féminité. La robe, avec ses paires de dragon et de phénix, veille au bonheur du couple. Cette parure doit apporter le bonheur à la jeune fille dés le jour de son mariage.

Cette robe est en soie de première qualité et est tissé avec une technique raffinée. C’est une matière considérée comme précieuse, résistante, brillante et chatoyante. Le décor est en verroterie, avec du verre étamé ou argenté. Les familles très riches utilisent du diamant et des pierres précieuses à la place.

En plus de cette robe, la jeune mariée se pare d’une jupe longue du même style. Les chaussures et la coiffe sont également de couleur rouge et extrêmement décorées. Les plus riches se parent encore de chaînes et de bracelets en or.

Après le mariage, la robe de mariée est conservée comme souvenir par le couple. On ne donne pas cette robe et on ne la prête pas non plus. Parfois, elle est réutilisée lors du 5ème, 10ème ou 15ème anniversaire du mariage.

Ce type de robe de mariée est utilisé par les Chinois du Vietnam.

Manger et cuisiner au Vietnam

Ensemble pour cuisson à la vapeur

Un ensemble pour cuisson à la vapeur mesure de 60 à 70 cm de haut et se compose de deux parties superposées. La marmite inférieure est en forme de cuvette, large, avec une paroi élevée et un goulot étroit pour concentrer la vapeur. L’ouverture est évasée pour recevoir la partie supérieure posée par dessus. Elle est en cuivre, alors que la partie supérieure est en bois. Cette partie supérieure est de forme cylindrique, renflée au milieu et entaillée d’oreilles.

Cet ensemble est utilisés pour cuire le riz gluant et les légumes à la vapeur: les aliments sont cuits en laissant passer la vapeur montante de l’eau bouillante dans la marmite inférieure. Ce mode de cuisson est le plus fréquent chez les populations thaï des vallées montagneuses.

Ces ustentiles de cuisine sont indispensables dans toutes les familles et sont considérés comme un des biens familiaux. Certaines de ces marmites ont une grande valeur et peuvent même être échangées contre quelques buffles. Ainsi, quand le fils quitte la maison des parents pour aller fonder sa propre famille, il reçoit d’eux, parmi d’autres cadeaux, une marmite en cuivre pour inaugurer sa nouvelle maison. De plus, le dépôt de suie qui se forme sur ces ustensiles est un symbole de prospérité.

 

Louche en calebasse

Cet objet est une demi calebasse séchée dont la partie proche d’un pédoncule, de 30 cm de long, sert de conduit pour la boisson. On y ajoute un court tube de bambou grâce auquel on consommer par le nez la boisson pimentée contenue dans la calebasse.

Cette boisson est obtenue à partir d’un mélange de jus d’ail, de piments, de pousses de bambou macérées et de diverses herbes aromatiques. Elle est considérée comme une ‘boisson de fraîcheur’ permettant de rafraîchir le corps. Ainsi, elle est surtout consommée en été, lorsqu’il fait chaud. C’est également un remède médicinal contre le rhume.

En principe tout le monde peut se servir de boisson pimentée, donc de cette louche, mais en réalité ce sont les hommes qui le font. C’est une boisson que l’on offre aux invités.

Ce type de louche est utilisé chez les Khang.

Plateau en rotin

Ce plateau de 65 cm de diamètre est réalisé à partir de bambou tressé, de rotin et de roseau. Il présente des motifs géométriques produits en tressant des filaments de bambou de couleurs différentes et est monté sur un roseau replié et fixé sur un cercle en bambou.

Ce plateau rond réuni autour de la lui toute la famille, servant de table à manger sur laquelle sont posés les plats. Le dernier jour de l’année lunaire, il est plongé dans un ruisseau afin d’y présenter les offrandes destinées aux ancêtres lors des rituels du Nouvel An traditionnel.

Les plateaux en vannerie sont utilisés chez la plupart des populations des montagnes et des vallées montagneuses du Vietnam, bien que sa forme et la technique de fabrication varient. Le plateau proposé provient des Khmou, population du nord-ouest du Vietnam.

Le traitement du mort au Vietnam

Etoffe pour le visage d’un défunt

Chez les Hmong, cette étoffe permet de recouvrir le visage du défunt.

Statue funéraire

Lors de la cérémonie d’abandon de tombe (fin du deuil), les villageois construisent une nouvelle tombe, soigneusement décorée et entourée de statues. Parmi elles, la statut du « penseur »: en bois massif, elle est sculptée dans un tronc d’arbre. Le visage est creusé sous l’arcade sourcilière, ne marquant que le nez et fort peu les yeux et la bouche. Deux mains embrassent le visage et les coudes s’appuient aux genoux. Cette position invite à diverses hypothèses : le penseur, l’image de foetus et le pleurant. Cette statue est répandue et représentative d’un certain type de statues funéraires. D’autres statues funéraires représentent des activités cérémonielles et quotidiennes. D’autres concernent la fécondité.

Autour de la nouvelle tombe, les rites et les danses se succèdent au son du gong et du tambour. Des dizaines de buffles ou de bœufs sont sacrifiés ; des centaines de jarres d’alcool et des mets traditionnels sont partagés entre tous les villageois.

La cérémonie d’abandon de la tombe (ou fin du deuil) est très importante chez les Jörai. Elle permet de conduire les esprits des défunts dans le monde des morts.

Jarre pour alcool

Cette jarre mesure 80 cm de hauteur, elle est réduite vers le bas et évasée vers le haut, se terminant par une ouverture d’une vingtaine de centimètres de diamètre. Elle est en céramique émaillée de couleur brune, recouverte d’un riche décor en relief. Les figures sont très variées : on y retrouve principalement le dragon et le phénix, mais aussi des chrysanthèmes, des nuages, des oiseaux et des plantes.

Ce récipient est utilisé pour la préparation de l’alcool fermenté qui sera utilisé et consommé pour les rituels, les réceptions, les funérailles, la cérémonie d’abandon de la tombe, etc. En dehors de leur usage réel, elles montrent la richesse de la famille et sont donc considérées comme des biens familiaux. Par conséquant, elles sont protégées en permanence dans la maison.

Les jarres pour alcool fermenté se trouvent chez un grand nombre de populations des montagnes du Vietnam, bien qu’elles diffèrent par la taille, la forme et le décor. Les unes sont en terre cuite et les autres, en céramique.

Masque rituel

Ce masque rituel à figure humaine est taillé dans du bois léger. Le visage est creusé sous l’arcade sourcilière, le nez est court et le menton long. Au niveau des yeux et de la bouche, le bois est percé. De la mâchoire supérieure sortent trois dents en bambou et aux coins de la bouche, attachés comme une moustache, deux toupets de fibres végétales. Ce masque représente à la fois une figure humaine et une image de l’autre monde.

Il est utilisé dans le cadre d’un rituel funéraire d’abandon de tombe: de jeunes hommes recouvert de boue et de feuilles de bananier portent ce masque et miment le monde des ancêtres. Ainsi, ils invoquent une rencontre avec les ancêtres. La cérémonie accomplie, les masques sont attachés en haut des poteaux de bambou qui sont plantés autour de la tombe.

Le masque présenté est utilisé par les Brau des Hauts-Plateaux du centre du Vietnam.

Mât funéraire

Le mât funéraire, aussi appelé ‘arbre à fleurs’, est composé d’une tige en bambou sur laquelle sont accrochées des guirlandes de fleurs artificielles en papier de différentes couleurs. Parmi les multiples couleurs, le rouge et le jaune sont nécessaires afin que, dans l’autre monde, les morts vivent également dans la joie et la beauté. Au milieu des fleurs, on trouve les figures du soleil et de l’hirondelle qui sont les messagers du printemps.

Ces mâts sont des objets votifs qui accompagnent les morts dans l’au-delà: ils suivent le cercueil des personnes âgées mariées jusqu’au cimetière lors des funérailles, et, une fois l’enterrement achevé, y sont brûlés. Ce mât est considéré comme un arbre à fleurs qui enrichira le jardin des morts où les défunts se promènent et se distraient. Ce sont les filles et les petites-filles qui offrent les mâts funéraires à leurs parents, signe de respect envers eux. Lors de l’enterrement on présente aussi d’autres objets votifs avec le mât funéraire, comme les personnages et les chevaux qui s’occuperont alors du jardin de fleurs de l’au-delà.

Le mât proposé vient de chez les Tay de Cao Bang, province qui touche la Chine du sud.

Transporter des récoltes et du matériel au Vietnam

Hotte pour le riz

Cette hotte, de forme cylindrique, est faite de filaments de bambou tressés et est fermée par un couvercle plat s’emboîtant dans la partie supérieure. Cette dernière, ainsi que la base de la hotte, est en latte de bois. Ses lanières en écorce d’ arbre permettent de la porter dans le dos.

Elle est décorée de deux bandes décoratives de couleur noire entourent le corps de la hotte, représentant des motifs géométriques soigneusement réalisés. Ses pigments sont obtenue à partir d’un mélange de suie de cuisine, de résine de pin et d’écorce de mûrier.

Cette grande hotte permet de transporter le riz en grains après la moisson et de le conserver dans la maison. Elle sert aussi de coffre ou de panier. Elle est bien adaptée aux déplacements quotidiens dans les régions montagneuses.

Il existe plusieurs sortes de ces hottes dont la forme, la technique de vannerie, le décor, l’usage et la façon de les porter sont diffèrentes: Ainsi, chez les populations du nord du Vietnam, elles possèdent un bandeau frontal, tandis que celles des Hauts-Plateaux du centre sont portées par les épaules grâce à deux bretelles. La hotte proposée est celle des Gie-Trieng.

Charrette

Cette charette est haute, longue et étroite. Ses parties principales, telles ses roues d’ un mètre de diamètre, son cadre, son limon constitué d’un arbre de plus de cinq mètres de long,… sont en bois dur, et ses autres élèments sont en bambou. L’extrémité avant du limon à laquelle est attaché un joug large est remontée et forme un crochet. Le cuir de buffle et les lianes sont utilisés pour les cordes.
Traînée par deux buffles, cette charrette peut transporter jusqu’à deux tonnes de charge, elle s’adapte bien à des chemins difficiles, boueux et aux champs. Elle est donc utilisée au quotidien pour transporter les récoltes de riz, le bois de chaufe, des céramiques et objets en terre cuite, produits d’une activité artisanale importante des Cham. Pour guider les buffles qui traînent la charrette, pour surveiller la charge et la charrette, une personne, souvent un homme est présent.

Attirer la prospérité et le bonheur

Statues des déesses

Les trois statues incarnent trois mères dans la religion des Quatre palais : Mère des montagnes, Mère céleste et Mère des eaux. Elles mesurent chacune 80 cm de haut et le bois de jacquier dans lequel elles sont sculptées a été laqué. Elles sont assises sur un socle, les deux mains posées sur les jambes. Ceci représente la stabilité.

Le visage est rose, les yeux sont clairs, les sourcils longs et courbes. Ce sont les premiers critères qui déterminent la beauté féminine. Les statues – déesses – se distinguent par la couleur de leurs costumes. Le vert est le symbole de la montagne, le rouge celui du ciel et le blanc celui de l’eau.

Ces statues sont des objets sacrés pour les fidèles et les croyants viet et sont vénérées quotidiennement dans les temples, pagodes, palais religieux.

La religion des Quatre Palais est très populaire chez les Viet au nord du Vietnam: On prie pour la pluie ou le soleil, pour avoir une moisson abondante, une bonne santé, pour obtenir la prospérité, etc. Cette religion est étroitement liée au culte de la déesse agricole et au rite des médiums.

Statue rituelle

Cette petite statue haute de 30 cm est sculptée dans un bois léger et tendre. Elle représente le corps cyclindrique d’une femme, sur lequel est taillé une tête ronde et où deux pieds sont ébauchés. Les autres caractéristiques du corps, organes, yeux, oreilles, nez, bouche, sexe, os, ventre, sang sont soulignés par des traits noirs et rouges. Le noir des dessins est en charbon de bois et le rouge est obtenu à partir d’une pierre de la même couleur.

Cette statue rituelle, conjuratoire et propitiatoire est destinée à attirer sur elle le malheur. En effet, a chaque fois que la famille organise un sacrifice du buffle ou un rituel à l’occasion du riz nouveau, on accomplit un rituel dédié à la statue. La statue prend la place d’une femme idiote et exsangue qui se charge de toutes les malchances. Objet de vénération, la sculpture doit protéger et apporter bonheur à la famille. Elle est posée sur le plancher de la maison d’habitation, au pied du pilotis sacré. C’est autour de ce pilotis que se déroulent les rituels familiaux.

Cette sculpture provient de la minorité Sedang, population des Hauts Plateaux du centre du Vietnam.

Calendrier en bambou

Ce calendrier est entièrement en bambou. Il est composé de 12 baguettes d’une quinzaine de centimètres de longueur et de 2 cm de largeur. Elles présentent chacune 30 incisions. Ces baguettes représentent les 12 mois de l’année, composés des 30 jours du mois lunaire. D’autres signes de forme différente sont des symboles d’activité : chasse, pêche, semaille, construction, achat, rituel, etc.

Ce sont les devins, maîtres du culte, qui utilisent ce calendrier afin de déterminer les jours propices aux activités les plus diverses: mariage, funérailles, construction d’une maison, achat d’un buffle, semailles, pêche, chasse, etc. Les devins, se basant sur leurs propres expériences, consultent les baguettes de calendrier tout en vérifiant les étoiles et le calendrier lunaire.