Trésors du Musée national du Togo/Coalition togolaise pour la diversité culturelle

Date : 4 août 2009

Adjaya, collier contre le mauvais oeil

Ce pendantif, appelé adjaya, est en cuivre moulé de forme circulaire. De sa partie inférieure partent dix ramifications. Les enfants le portent tout le temps.

L’adjaya n’est pas lourd et donne l’impression d’être un simple bijou d’ornement. Cependant, c’est un collier de protection des enfants contre le mauvais œil, les mauvais esprits et les sorciers. Le bijou sert également à la guérison des malades.

L’adjaya est retenu à l’aide d’une ficelle noire. Il se porte sur le cou nu ou sur les vêtements.

Agbankéna, divinité de la fécondité

Cette statuette en bois dur de 57 cm représente un vieillard barbu fumant une très longue pipe dont l’ouverture vient jusqu’au niveau gauche du tabouret ancestral sur lequel il est assis. Sa jambe gauche est croisée sur la droite ; son phallus (l’attribut de fécondité masculine) est démesuré et croisé lui aussi sur la jambe déjà croisée. La divinité tient dans sa main gauche la clé symbolisant la porte de la vie et dans la main droite une épée portant une tête humaine tranchée (retrait de la vie dans le cas du non respect du pacte conclu au départ). Elle représente Agbankéna, une divinité de la fécondité.

Selon la tradition, le dieu Agbankena, consulté au sujet de la stérilité dans un couple, signe un contrat avec ceux qui cherchent à avoir des enfants. A la naissance de l’enfant désiré, ces derniers doivent revenir honorer la divinité avec ce qui a été convenu dans le contrat : animaux, biens divers, argent comptant, etc. La divinité Agbankéna serait capable de rendre malade puis de tuer les enfants quand ceux qui sont venus le consulter n’honorent pas le contrat conclu préalablement.

L’Agbankena est généralement placé dans un sanctuaire ou dans une chambre sacrée au milieu d’objets rituels servant à la divination : chapelets, cauris, percale blanche, kaolin, etc. On va consulter l’agbankena seul, en couple ou avec des amis, en présence d’un prêtre et de ses assistants ou désservants appelés ‘agbassivi’.

Akoumé-dati, spatule

L’ akoumédati, dont le nom signifie littéralement en mina (langue du sud Togo) « le bois servant à préparer la pâte », est une spatule en bois blanc et tendre. Elle est composée d’une tête, cylindrique ou rectangulaire, et d’une extrémité évasée et légèrement creuse qui sert à battre la pâte.

L’akoumédati est utilisé quotidiennement au moment de la préparation de la pâte, de la bouillie, de la sauce, du riz, du haricot. Il va de pair avec l’afêkê, un ustensile légèrement creux, en forme d’éventail avec une languette que l’on tient. C’est ce avec quoi on sert la pâte dans les assiettes creuses.

Akrema

L’akrema est un tambour à une seule membrane avec une caisse de résonance en bois sculpté. Chez les Tem (ethnie très islamisée du centre du Togo), il se joue durant les mariages ou parfois durant les rites funéraires. En outre, avant l’avènement des moyens modernes de communication, l’akrema servait à communiquer sur les courtes distances puisque sa résonance n’est pas très forte. En fonction des sons émis, l’interlocuteur au loin décodait un message.

 

Avla, jarre du Togo

Au Togo, ‘avla’ signifie en langue éwé ‘la grande jarre qui sert à garder l’eau’. En argile cuite, cette jarre est un objet lourd de forme circulaire et ovale. Sa hauteur est de 82 cm et son diamètre d’ouverture de 31 cm. Elle permet de conserver des liquides (eau, bière de mil ou de maïs) et de les garder frais, mais aussi éventuellement pour conserver des céréales. Elles se maintiennent debout grâce à des coussinets en feuilles tressées et sont fermées par des couvercles en bois, par un plateau en fer, ou par un couvercle creux en poterie appelé ‘adawa’.

Château fort tamberma ou maquette du tata

Cette maquette de tata ou takienta représente l’habitat des Batammariba, les hommes qui façonnent la terre. Cette maquette, en argile cuite, est noire. Mais le tata véritable, grandeur nature, est rouge brique. Cette habitation présente l’allure d’un fortin.

Pour créer un nouveau village, le futur fondateur se détache de son clan de base, bâtit sa « Takienta », une Takienta-mère sur le modèle original avec toutes les configurations initiées par Kuyé (tours, greniers, terrasse…), le dieu créateur, architecte du monde. Il passe au préalable un accord avec « Butan », la déesse de la terre, mère protectrice des humains qui gouverne l’agriculture, la forêt, les animaux, les cimetières. Il élève des sanctuaires pour les « Dibo », les forces naturelles avec lesquelles les villageois devront composer pour utiliser leur territoire. Enfin, le fondateur installe un centre rituel composé de la Grande Maison de cérémonie, l’autel du Serpent tutélaire et le cimetière. Dans un village tammari ou batammariba, les « takienta » alternent avec des forêts reliques, des amas de pierres constituant les sièges des « Dibo », esprits alliés des « takienta », des clans et des éléments naturels où sont incarnées les nombreuses divinités qui composent le panthéon batammariba.

Couronne à fronces du roi des Guin de Glidji

La couronne des rois des Guin de Glidji est une sorte de chapeau blanc à fronces appelée Djregba. Elle est faite en coton, un textile qui permet de supporter la chaleur et forme comme une rose blanche à l’extrémité circulaire. Seul le roi peut la porter.

 Ce vêtement est aussi bien porté dans toutes les occasions ordinaires que lors de grandes manifestations, le roi s’entourant pour la circonstance de dignitaires et courtisans.

Cette tenue a été offerte au Musée National du Togo (Lomé) par le Roi Sedegbe Foli-Bebe XV, actuel souverain des Guins du Royaume de Glidji. La tenue royale est gardée dans les réserves du musée.

Dansou, divinité serpent à trois têtes

Ces statuettes en bois sculpté représentent une femme à trois têtes, regardant chacune vers des directions différentes. Elles ont le torse nu et les reins entourés d’un drap rituel blanc. Elles portent des bijoux. A leurs pieds on retrouve des instruments comme le couteau, le râteau, etc. ainsi que des cochons, animaux de sacrifice ou à partir desquels cette divinité peut opérer. Les parures changent d’une tête à l’autre.

Ces femmes représentent dansou, la divinité serpent lagunaire tricéphale, omnisciente et omniprésente, vivant dans les eaux. N’importe qui peut le consulter lorsqu’il est confronté à des maladies, des mauvais sort, la recherche de progéniture et d’autres problèmes de la vie.

La divinité dansou se trouve au sanctuaire ou dans la salle d’exercice du bokono, entourée de sacrifices et d’objets rituels. Elle est adorée collectivement, là où se retrouvent prêtres, prêtresses et adeptes de tous âges.

 

Dénigatou, cuillère en bois

La dénigatou, littéralement la cuillère en bois en langue Kotocoli (centre et nord du Togo), est un objet en bois dur de la forme d’une louche à soupe. Il est décoré sur le manche par des dessins géométriques. Le bout du manche est conique et se prolonge par une extrémité rectangulaire creusée de deux petits trous rectangulaires eux aussi. Le tout évoque une flèche portant un vase ou un réceptacle rond. On peut aussi y voir une case vue de face dont le toit en paille et le mur sont matérialisés par des rayures rappelant des habitats traditionnels du Nord Togo.

On utilise cette cuillère quotidiennement pour les repas.

Dermassou, boubou

Le dermassou est un boubou traditionnel porté par les hommes. Il est de grande envergure (1,52 m) pour une hauteur de 129 cm. Il est ample et lourd, une doublure de calicot à l’intérieur lui permet de bien tomber sur le pantalon. Celui-ci est composé de rayures blanches, bleues, avec une dominance de noir.

Le dermassou est une tenue d’apparat, pour des chefs ou notables et des personnes âgées en général. Les jeunes le portent occasionnellement pour marquer leur attachement à leur culture. Le dermassou s’utilise occasionnellement lors de fêtes ou réjouissances populaires, mais aussi lors des danses des chasseurs.

Djougo-Hombouga

Littéralement, Djougou-Hombouga signifie « la calebasse de la tête » chez les Nawdba (peuples du Nord du Togo). Chez ces populations, ce casque en calebasse recouverte de cauris enfilés avec du fil de coton est utilisé comme parure durant les danses rituelles aux fétiches qui protègent le clan.

Fiosikpé, siège royal

 

En langue éwé, le mot “fiosikpé” ou “fiosikpi” se compose des mots “ fio” qui signifie roi, chef et de “zikpé ou zikpi ” qui signifie siège: ainsi, c’est le siège royal. Il est taillé dans du bois dur et est composé de deux plateaux dont celui du haut, incurvé, sert de siège. Ces deux plateaux sont reliés entre eux par une sorte de tige sur laquelle est sculpté un aigle posé sur une tortue dans une position de dominateur : symbole de la hiérarchie, de la force et de la majesté.

Le fiosikpé sert au quotidien, quels que soient les saisons et les circonstances. Lors de grands événements (une fête importante pour la communauté, un grand rassemblement annuel de tous les clans), on le sort sur la place publique. Le fiosikpé est en effet l’un des attributs de la royauté ewé ou guin et, à ce titre, bénéficie d’une protection particulière. Il est à la fois un symbole physique et mystique.

Koubacou, reliquaire qui se défend

Le Koubacou est un vase dont la partie inférieure a l’aspect d’une tasse ordinaire aux rebords terminés par deux rangées de boutons. Il est muni d’un couvercle hérissé lui aussi de boutons qui comporte une anse à l’extrémité supérieure. L’ensemble présente la forme d’un ouvrage surmonté de trois étages de dents (boutons) circulaires. Il est réalisé en argile cuite et a une hauteur de 19 cm, un diamètre d’ouverture de 10 cm et de 12 cm de profondeur.

L’objet inspire une certaine répugnance surtout aux endroits où il faut le tenir. C’est fait exprès pour écarter tout geste spontané visant à le saisir sans raison. C’est en effet un reliquaire utilisé par les Bassar, servant à la conservation des esprits des morts. Il est uniquement sorti lors des cérémonies pour les ancêtres défunts ou bien chaque fois que l’on a besoin de solliciter pour des besoins multiples les esprits des morts familiaux : mauvais sort, chômage, mauvaise récolte, calamités de toutes sortes.

Kwok, tabouret

Le kwok, en bois, est composé de deux pièces circulaires aux extrémités reposant sur un trépied convexe aux formes triangulaires. Les deux pièces circulaires soutenues par le trépied servent pour l’une de siège, pour l’autre à poser le tabouret au sol. Le kwok se présente sous un aspect général d’hexagone, ce qui en fait, au-delà d’un objet usuel, un élément de décoration interne. Il est recouvert de motifs blancs et noirs aux extrémités de forme circulaire. Sa hauteur est de 29,5 cm et son diamètre de 28,5 cm.

Tout le monde peut s’asseoir sur ce tabouret. Il est utilisé au quotidien.

Matchibiri, natte en raphia

Le matchibiri est une natte de couchage en fibres végétales (le raphia) teintées et de forme rectangulaire. Celui-ci est richement décoré de triangles aux tons violet, rouge, noir, vert.

Souple, léger et peu encombrant, le matchibiri peut être emporté partout et déplacé facilement. Il est quotidiennement utilisé dans la cour ou à l’intérieur des chambres pour s’asseoir ou se reposer, mais peut aussi servir à décorer les pièces en tant que tapis de sol ou au plafond.

Nyananasulu, assiette à couvercle du Togo

Le ‘nyananasulu’ est un petit pot en argile cuite, rougeâtre ou noirâtre, de forme évasée, et qui sert à garder les mets qu’on y mange ou à conserver des boissons (bière de mil principalement). En langue kabyè, ‘nyananasulu’ signifie « assiette avec couvercle ». Un peu lourd et fragile, il doit être manipulé avec soin.

Orgu, pot fétiche pour esprits des ancêtres

L’orgu est un objet en argile de forme ronde. Il est constitué de deux pièces, un couvercle surmonté d’une anse et un pot principal dont l’extrémité repose sur le sol par un support circulaire dont l’intérieur est creux. Le vase est décoré sur tout l’extérieur par de petits boutons ressemblant à des piquants. Celui-ci fait 32,5 cm de haut et 14 cm de diamètre d’ouverture.

Il est utilisé comme reliquaire, conservant les esprits des ancêtres décédés. En effet, les ancêtres sont devenus désormais des dieux et des intermédiaires entre le monde visible des vivants et celui, invisible, des ancêtres et des esprits.

Une fois par an lors de cérémonies traditionnelles ou bien exceptionnellement quand il y a des problèmes pour lesquels la solution mystique est le recours aux esprits, l’orgu est utilisé.

Ranga

Le ranga est un chapeau en raphia tressé.

Il est porté pour exécuter la danse des Kondona (rite initiatique) chez les Kabyè. Cette danse est la dernière étape d’initiation et confère le statut d’homme, permettant ainsi de se marier.

Soka, bracelet en ivoire

Le Soka est un bracelet en ivoire de forme circulaire. Il mesure 6 cm de diamètre.

Il est porté au quotidien par les femmes kabyè au nord du Togo. C’est un signe d’élégance, mais aussi d’appartenance ethnique, et parfois un objet de protection.

Statuette Adepte de Dan

Cette statuette en bois dur représente une adoratrice de la divinité-serpent Dan, assise sur un tabouret royal. Un serpent s’enroule autour de son cou qu’elle montre de l’index pointé vers le ciel. Ce signe constitue une profession de foi reconnaissant ce reptile comme divinité.

Tout le monde peut pratiquer l’adoration de cette divinité, qui est censée apporter prospérité financière, santé et protection à ses adorateurs.

Statuette de bokono, devin vaudou

Cette statuette en bois sculpté représente un prêtre traditionnel vaudou appelé Bokono, assis sur un plateau de bois. Il est ceint d’un bandeau blanchâtre, les pieds écartés, les mains sortant les chapelets de divination qu’il s’apprête à lancer. Il est assis entouré d’objets rituels comme le pot rituel contenant un fétiche ainsi que deux chapelets fait en fibres végétales.

Takalouk, protège-tête

Le takalouk est un chapeau de forme conique à base élargie, confectionné avec du cuir et du raphia. Il est décoré d’enduits aux formes rectangulaires, alternant les motifs sombres et clairs.  Son nom signifie « protège tête ».

Le Takalouk est utilisé par les hommes, et particulièrement lorsqu’ils sont âgés, de certains groupes culturels du Nord Togo. Il permet de se protéger contre le soleil au quotidien. Il sert aussi de couvre chef lors des réjouissances populaires où l’on danse. Il est léger, se pose sur le genou quand son usager est assis, se tient à la main une fois que celui qui s’en coiffe est à l’abri du soleil.

Takam, sandales

Ces sandales en cuir d’éléphant, appelées Takam, sont des chaussures nu-pieds aux lanières croisées. Elles sont généralement utilisées par les chasseurs, à cause de leur souplesse, mais on les porte aussi dans la vie quotidienne.

 

Venavi, statuettes sacrées de jumeaux

Ces statuettes « vénavi » représentent des jumeaux. C’est pourquoi, elles sont toujours par deux. Celles-ci sont en bois blanc, symbole de la pureté et de la divinité dans le vaudou. Petites et légères, elles ressemblent à des poupées. Cependant, ce ne sont pas des jouets.

Dans le sud du Togo, les jumeaux sont considérés comme des êtres hors du commun, des dieux. A ce titre, lors du décés d’un ou des deux jumeaux, ces statuettes sont crées pour permettre leur adoration quotidienne. Ils sont l’objet de soins particuliers notamment pendant les repas et lors des déplacements et voyages. On leur sert à manger, on les emporte avec soi et on les couche sur le lit la nuit. Autrement, frappés par l’oubli des hommes, la croyance veut que les jumeaux décédés se fâchent et se vengent en perturbant l’existence des vivants. Honorés ils apportent la prospérité et la protection contre des dangers de toutes sortes.

Village Tchakpali avec ses tombes (maquette)

Cette maquette représente le village de Tchakpali avec ses tombes aux environs de 1927. Elle est fabriquée en argile et en paille recouverts avec des colorants et des peintures. Elle représente le village avec son environnement quotidien immédiat : une femme pile, son bébé attaché au dos. Les toitures de paille sont en jaune, la case en rouge brique, arbre et végétation sont en vert, terre et montagne en noir et rouge. Le village est aussi représenté dans le sens vertical. On y voit le sous-sol dans lequel sont enterrés deux corps. Leur position et leur orientation sont différente: l’un d’entre eux (le bon) a une tombe en forme de L majuscule, donnant l’impression d’un espace d’habitation confortable, et sa tête est tournée vers l’Est (lever du jour, lumière du soleil, paradis, demeure de Dieu). L’autre (le mauvais) est dans un espace figurant une seule pièce et sa tête est orientée vers l’Ouest (coucher du soleil, noir, péché, enfer).

Cette maquette illustre une pratique traditionnelle d’inhumation des morts suivant la croyance religieuse et manichéiste du bon et du mauvais. Le traitement du corps des individus dépend donc de s’ils ont été étiquetés ‘bons’ ou ‘mauvais’ par la société ana ou ifè.

Yama, reliquaire des esprits des morts

Un yama est un petit vase conique en argile, muni d’un couvercle hérissé de deux rangées de boutons. Hermétiquement fermé, son aspect extérieur est assez repoussant : les boutons forment des sortes d’« épines » qui découragent de vouloir prendre le vase dès qu’on le trouve.

En lamba (langue du Nord du Togo), yama signifie « reliquaire ». Il permet de recueillir des restes mortuaires, « les esprits des morts » afin de garder la communion avec le monde des morts. Il est sorti une fois l’an, pendant le temps de cérémonies aux ancêtres ou chaque fois que l’on a besoin de recourir aux faveurs des esprits des morts familiaux.

Yougbanguidi, pouf du Togo

Le “yougbanguidi” est un gros coussin rond servant de siège. Il est en cuir et est orné de dessins noirs représentant un personnage difficile à identifier. Son rebord est cousu de fils blancs.

Il est adapté à un usage courant et quotidien, car il offre le confort relatif d’un siège sans dossier. Il sert aussi de siège aux notables et aux chefs.